L'homme qui change de forme, devenant animal, est la représentation la plus ancienne et la plus universelle du monstre. Dans la culture musulmane, la métamorphose est appelée maskh, «transformation d'une forme extérieure (s'ura) en une forme laide». Cette croyance se retrouve dans le Coran où Dieu punit les hommes ou les peuples qui se sont rendus coupables de vilenies en les transformant en animaux répugnants. C'est le cas des israélites qui ont transgressé le sabbat, repos du samedi consacré au service de Dieu : «2, 61/65». 5, 65/60) cet autre verset ne concerne pas seulement les israélites, mais tous les égarés. La métamorphose d'impies en singes se retrouve aussi dans la tradition talmudique : les constructeurs de la tour de Babel ont été, selon Sanhedrin, transformés en singes. Au Moyen-âge, l'idée de métamorphose d'êtres humains en bête était admise par tout le monde. Al-djahidh, dans son célèbre Livre des animaux, rapporte qu'un homme ayant vu un autre manger du lézard lui dit : «tu es peut-être en train de manger un cheikh des Banu Israël.» On croyait, en effet, que deux tribus juives, à la suite d'une transgression de la loi de Moïse, avaient été transformées, l'une en lézards, l'autre en anguilles. Al-Djahidh rapporte encore une croyance selon laquelle les percepteurs malhonnêtes étaient transformés en animaux : lézards, hyènes, loups… Les érudits européens croyaient à la réalité du phénomène de métamorphose, en se demandant si ces métamorphoses sont à l'origine des espèces animales actuelles, comme les lézards, les singes ou les cochons…