Résumé de la 51e partie n Dakin et Crosbie semblent accorder plus d'intérêt à Victoria quand elle leur dit avoir voyagé dans le même avion que Sir Rupeert Crofton Lee... N'empêche, déclara Marcus, que c'est un brave homme ! Mrs Cardew Trench fit la moue. — C'est surtout une chiffe molle ! Pas de nerfs, pas de cran ! Un pauvre type que l'Orient a liquéfié, comme bien d'autres ! Victoria, peu après, monta dans sa chambre. Elle se déchaussa et s'allongea sur son lit, pour réfléchir. Son capital, qui s'élevait à quelque chose comme trois livres, était sérieusement hypothéqué : elle devait déjà devoir beaucoup plus que cela à Marcus Tio. Ledit Marcus ayant le verre facile, Victoria, à condition de se nourrir exclusivement d'alcools, de pistaches, d'olives et de pommes chips, pouvait espérer résoudre heureusement le problème alimentaire pour les deux ou trois jours à venir. Mais Marcus finirait bien par lui présenter sa note. Combien de temps admettrait-il qu'elle restât impayée ? Elle n'en avait pas la moindre idée. Evidemment, elle aurait dû, et depuis longtemps, chercher un hôtel meilleur marché. Mais pouvait-elle raisonnablement espérer en trouver un dans un pays où il lui était à peu près impossible de se faire comprendre ? Isolée, sans argent, dans une ville inconnue et étrangère, elle ne savait où aller pour demander du travail, ni même quel travail demander. Edward reviendrait de Bassorah. Mais quand ? Et se souviendrait-il seulement d'elle ? Elle avait eu cent fois tort de voler vers Bagdad, comme la dernière des idiotes ! Edward ; après tout, qui était-ce ? Un jeune homme comme il en existait des milliers, gentil, aimable et beau parleur. Elle ne savait même pas son nom ! Et l'aurait-elle connu que ça n'aurait rien changé, puisque, ignorant son adresse, elle n'aurait pas pu lui télégraphier ! Elle ne savait rien et elle ne pouvait demander conseil à personne. Marcus n'était pas un mauvais type, mais il n'entendait rien de ce qu'on lui disait, Mrs Cardew Trench était du genre soupçonneux, Mrs Hamilton Clipp avait quitté Bagdad, le docteur Rathbone ne se souciait pas d'elle... Et, pourtant, il lui fallait de l'argent ! Un emploi, n'importe lequel ! Coller des timbres, garder des enfants, servir dans un restaurant... Si elle ne trouvait rien, il ne lui resterait plus qu'à se rendre au consulat et à se faire rapatrier. Edward, dès lors, sortirait de sa vie pour toujours. Elle en était là de ses réflexions quand, brisée, elle s'endormit. Elle se réveilla quelques heures plus tard. Considérant que mieux vaut être pendu pour un bœuf que pour un œuf, elle décida de descendre au restaurant et de s'offrir un solide repas. Quand elle eut fini, elle se sentit alourdie, mais réconfortée. «Inutile de se casser la tête ! se dit-elle. Nous verrons demain. D'ici là, il y aura peut-être du nouveau ! Qui sait si je n'aurai pas une idée, ou si Edward ne sera pas de retour ?» Avant de se mettre au lit, elle alla faire quelques pas sur la terrasse, le long du fleuve. (à suivre...)