Vision n «Nous ne faisons pas la chasse aux importateurs de médicaments. Notre objectif est d'atteindre un taux de production avoisinant les 70% des besoins nationaux d'ici à 2014». Le ministre de la Santé, qui a fait cette déclaration hier, admet qu'on ne peut pas fabriquer «tous les médicaments localement» et a souligné l'importance de diminuer la dépendance vis-à-vis de l'étranger. «Le médicament est un produit stratégique. C'est un composant de la souveraineté nationale et de la sécurité nationale. Donc l'intérêt national n'est pas d'arrêter les importations, mais de diminuer notre dépendance vis-à-vis de l'étranger», a indiqué Djamel Ould Abbès, lors d'une rencontre avec les acteurs de la santé. Selon lui, entre 2005 et 2009, nos importations ont doublé, passant de 800 millions d'euros à 1 milliard 600 000 euros. Pour réduire cette lourde facture des importations et atteindre un taux de production de 70% des besoins nationaux, une série de mesures ont été annoncées hier par le ministre de la Santé. «Aujourd'hui, nous mettons en place un système pour régler le problème du médicament. Nous n'allons pas arrêter les importations mais nous voulons mettre de l'ordre dans le secteur et savoir qui fait quoi, et qui importe quoi. Le problème de l'organisation du médicament passe d'abord par la production nationale. Avec l'argent que nous avons, nous pouvons importer autant de médicaments que nous voulons, mais ce n'est pas ça l'objectif. Nous voulons encourager la production nationale», a-t-il souligné. Ainsi, il a annoncé l'installation d'une agence nationale du médicament dont le décret présidentiel est en préparation au niveau du gouvernement. Tous les intervenants dans le secteur du médicament y seront représentés ainsi que plusieurs ministères. «Cette agence nous permettra de définir la politique nationale du médicament», explique M. Ould Abbès. En outre, il a annoncé la création d'une direction générale du médicament au ministère de la Santé, et ce, dans le nouvel organigramme. Concernant la pénurie de médicaments enregistrée ces derniers temps, le ministre a promis que «tous les médicaments seront disponibles en 2011.» «Je vais déclarer la guerre à la pénurie», a-t-il dit. Sur un autre plan, Ould Abbès a indiqué que 239 Dénominations communes internationales (DCI) ont été interdites à l'importation (toutes les classes thérapeutiques). Par ailleurs, les représentants de différents opérateurs ont évoqué les problèmes et obstacles qui entravent l'investissement dans le secteur du médicament. Le représentant du Syndicat national des opérateurs en pharmacie (UNOP) a suggéré la révision du système actuel de financement de l'industrie pharmaceutique, d'accorder plus d'importance à la formation et de définir les normes juridiques concernant les médicaments interdits à l'importation. De son côté, le représentant de l'Association des producteurs locaux de médicaments a mis l'accent sur la nécessité de parvenir à un consensus sur le système de remboursement, le prix référentiel, la mise en place d'une stratégie nationale sur les médicaments à court et moyen termes et de former des cadres en pharmacie et en chimie ainsi que des techniciens.