Figure emblématique du cinéma africain et arabe, le Tunisien Tahar Cheriaâ est décédé jeudi soir à l'âge de 83 ans à Tunis, a annoncé vendredi le ministère tunisien de la Culture. Fondateur des Journées cinématographiques de Carthage (JCC), l'un des plus anciens festivals de cinéma du Sud, Tahar Cheriaâ contribua à faire connaître plusieurs talents, parmi lesquels l'Algérien Mohammed Lakhdar Hamina, le Sénégalais Ousmane Sembène ou le Mauritanien Mohamed Hondo. Affaibli par la maladie, il a assisté le 27 octobre sur un fauteuil roulant à un ultime hommage offert par la 23e édition de la biennale qu'il a créée en 1966. Il s'adressa alors aux cinéastes arabes et africains, les appelant «à être sincères avec eux-mêmes et avec leurs œuvres, à mettre toutes leur forces, corps et âme, afin de faire des films engagés, loin de toute influence, pour défendre leur identité». Après des études de lettres à Tunis puis à Paris, Tahar Cheriaâ débuta sa carrière en publiant articles et ouvrages sur le cinéma, et jeta les bases du premier département cinéma au ministère de la Culture de la Tunisie, nouvellement indépendante. Tahar Cheriaa, qui a crée nombre de ciné-clubs, a contribué à l'élaboration des textes régissant le secteur publiés par la suite dans ce qui deviendra le code de l'industrie cinématographique. Au sein de l'Agence coopération culturelle et technique qui deviendra Organisation internationale de la francophonie (OIF), il contribua d'une manière active à la création, en 1971, du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). Critique et historien du septième art, il se fait décorer, en 2007, par le président Zine el Abidine Ben Ali, des insignes du Grand Cordon de l'ordre du mérite national, au titre du secteur culturel.