Sécurité n Il suffit parfois que les enfants portent leurs jouets à la bouche pour que la peinture, de piètre qualité, s'y dépose. Les substances toxiques des colorants sont ainsi avalées... En matière de loisirs, il n'y avait pas grand-chose pour les familles avant l'indépendance de notre pays et encore moins pour les enfants, à l'exception des plages en été. Et encore, il fallait avoir les moyens d'y accéder avec ce que cela suppose comme frais de transport et de restauration. Les salaires, en ce temps-là, étaient plutôt dérisoires. Compte tenu de la précarité des parents et souvent de leur extrême pauvreté, les gamins n'avaient pas accès aux jouets exposés dans les vitrines, à l'exception de ceux dont les parents ont fait fortune dans le commerce ou dans la vente des produits de la terre. Des propriétés de plusieurs centaines d'hectares parfaitement entretenues et léguées de père en fils. Ces mômes avaient droit aux mêmes jouets que ceux des petits colons. Des chapeaux western, des tenues de cow-boy avec pistolet factice et bottes à éperons, bicyclette, trottinette, uniforme de pompiers... Alors de quoi étaient faits les jouets des Algériens ? Ils étaient fabriqués avec n'importe quoi, tout ce qui leur tombait sous la main. Les filles, par exemple, confectionnaient leurs propres poupées avec des chiffons récupérés soit à partir d'un vieux linge hors d'usage, soit chez les couturières qui se faisaient un plaisir de leur offrir de petits morceaux d'étoffe rejetés par leur machine à coudre. En plus de dorloter leurs poupées, qui avaient plutôt l'air de momies informes, elles jouaient parfois à la marelle. Une craie blanche, une pierre plate et un dessin géométrique tracé à même le sol et truffé de cases numérotées de 1 à 7 et le tour était joué. Le challenge consistait à sauter de case en case à cloche-pied en évitant le carré où la pierre a été lancée. Pour les garçons, le choix était plus varié. Cela allait de la toupie, aux parties de foot et jusqu'à la pelote basque dans certaines régions, où la communauté espagnole était nombreuse. En fait, il y avait un jeu pour chaque saison. Le printemps, par exemple, était exclusivement réservé à la chasse au moineau et au rouge-gorge et souvent à l'école buissonnière. En été, en revanche, un concours était ouvert entre les quartiers pour d'interminables jeux de noyaux d'abricots. Bref, l'un dans l'autre, les enfants arrivaient à s'occuper sans ruiner leurs parents. Les jouets étaient gratuits et surtout sains. Ils étaient «bio» dans l'acceptation la plus large du terme. Combien de jouets en France ont été retirés de la vente par leurs fabricants, des Chinois en général, parce qu'ils étaient dangereux, voire cancérigènes ?