Choix n Quelque quatre millions de Guinéens sont, pour la première fois de l'histoire de leur pays, appelés à choisir librement leur dirigeant lors du 2e tour de la présidentielle. Ils ont commencé à voter ce dimanche matin pour élire leur président au terme d'une longue et pesante attente depuis le 1er tour, du 27 juin dernier, marquée par des violences politico-ethniques. Quelque 4,2 millions d'électeurs vont choisir entre Cellou Dalein Diallo, plusieurs fois ministre puis Premier ministre sous le régime du défunt général Lansana Conté, et l'universitaire Alpha Condé, qui s'est opposé à tous les régimes en place et a passé deux années en prison. Ils avaient obtenu respectivement 43% et 18% des voix au premier tour. Sous la pression de la communauté internationale, les deux candidats, d'ethnies peule et malinké, les deux plus importantes de Guinée, avaient lancé ensemble un appel au calme et à la fraternité, vendredi dernier, après une campagne marquée par des violences politico-ethniques. Les deux camps s'étaient accusés mutuellement de fomenter des fraudes et une tension ethnique latente. Attisée par des rumeurs, cette tension avait débouché sur divers affrontements qui ont fait des dizaines de blessés et au moins un mort, selon les organisations de défense des droits de l'homme. Hier samedi, le président de la transition, le général Sékouba Konaté, a réaffirmé que les militaires quitteraient le pouvoir à l'issue du processus. Il a appelé à «rompre avec un passé de violences» et de violations des droits de l'homme. Cette première élection présidentielle libre doit mettre un terme à plus de 50 ans de dictature et de régimes autoritaires en Guinée, ancienne colonie française qui avait pris son indépendance en 1958. Le «père de l'indépendance» (1958-1984), Ahmed Sékou Touré, avait voulu créer une société socialiste, mais s'était transformé en dictateur paranoïaque. Le pays avait, ensuite, connu les 24 années de régime militaire autoritaire de Lansana Conté (1984-2008), puis d'amères désillusions sous la junte dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara, qui avait pris le pouvoir à la fin 2008. Le massacre de 157 opposants, en septembre 2009 dans un stade de Conakry, a laissé la Guinée traumatisée. Dans ce pays, doté d'énormes richesses minières que se disputent les multinationales, la moitié de la population vit encore sous le seuil de la pauvreté et la plupart des foyers n'ont ni eau courante ni électricité. Toutes les frontières ont été fermées ce dimanche matin et la circulation est généralement interdite de 6h00 GMT à minuit.