Mutineries sanglantes au Brésil, incendie meurtrier dans une prison au Salvador : le système carcéral est en crise dans presque toute l'Amérique latine, entre surpopulation, poids des organisations criminelles et manque d'investissements publics. La prison où une rébellion a fait trois morts mercredi dans le nord du Brésil abritait 828 détenus pour un peu plus de 200 places. Mardi, une autre mutinerie s'était soldée par la mort de 18 prisonniers, dont quatre décapités par des codétenus, dans le Nord-Est du pays. Au Salvador, où 19 jeunes détenus sont morts mercredi dans l'incendie de leur prison, on compte 24 854 prisonniers pour seulement 8 110 places. Depuis dix ans, les autorités y répartissent les membres des puissants gangs rivaux dans des établissements séparés pour éviter les affrontements. Or, même derrière les barreaux, le crime organisé continue à imposer sa loi. Au Mexique, les gangs opèrent de l'intérieur, pratiquent extorsion et racket. Les détenus de la journée deviennent tueurs à gage la nuit. On leur fournissait armes et véhicules pour aller tuer et ils revenaient dormir en prison comme de petits anges ! Leurs expéditions nocturnes auraient fait 35 morts selon le parquet mexicain, et la directrice de cette prison de Gomez Palacio, près de Torreon (nord), a été arrêtée fin juillet dernier. Au Paraguay, les autorités ont placé sous tutelle en septembre une prison d'Asuncion, où des détenus tournaient des films pédophiles avec des mineurs qu'ils faisaient entrer en les présentant comme des membres de leur famille. «Les prisons sont comme une université du crime», résume un expert juridique.