Ambiance n Des éleveurs sont arrivés dans différentes localités d'Alger depuis deux semaines afin d'exposer leurs moutons aux abords des grands axes routiers. Certains automobilistes s'arrêtent juste pour s'enquérir des prix, d'autres viennent pour acheter. Mais le choix s'avère difficile, au vu du grand nombre de moutons proposés et aussi la petite différence dans les prix appliqués. Au Hamiz, Pas moins de vingt éleveurs occupent les deux côtés de l'autoroute. Une place stratégique, car il y a suffisamment d'espace pour le stationnement des automobilistes. A dix heures du matin déjà les clients avaient envahi cet espace improvisé pour la vente des moutons. Ils font des va-et-vient entre les vendeurs, cherchant à «dénicher» la bonne affaire : acheter un bon mouton à un prix raisonnable. Mais les vendeurs restent intransigeants. Un mouton dont le poids ne peut dépasser les 30 kilos coûte entre 28 000 et 32 000 dinars. «Depuis près d'une heure, je suis à la recherche d'un petit mouton à 25 000 dinars, en vain. Je ne peux dépenser plus que cette somme, d'autant plus que je vis seulement avec ma femme et mes deux petits enfants. Mais ces vendeurs sont intraitables. Je vais changer de place, espérant trouver des prix raisonnables», regrette, chagriné, un jeune père de famille. Notre interlocuteur n'est pas le seul à revenir bredouille. De leur côté, les éleveurs affirment qu'ils ne peuvent pas baisser les prix. «Les clients ignorent le coût réel de l'élevage d'un mouton. C'est un travail de plusieurs mois, le prix de l'orge a plus que doublé en plus du coût du transport et de la location de garages. Nous sommes là pour vendre et non pour négocier avec les clients», tranche un éleveur venu de la commune steppique de Djendel, wilaya de M'sila. «Si vous étiez à notre place, vous auriez exigé plus que ce prix. Essayez de comprendre notre situation», a-t-il lancé à un citoyen qui demandait une remise de 2 000 dinars sur un mouton. A Bab Ezzouar, l'ambiance est la même : des citoyens veulent acquérir des moutons selon leurs moyens financiers et les éleveurs refusent toute baisse. «Croyez-moi, je préférerais retourner chez moi avec ce cheptel plutôt que de vendre à des prix bas. J'ai loué un garage à 40 000 dinars pour 25 jours, 20 000 dinars pour le transport du cheptel, en sus de la grande quantité d'orge que j'ai payée à 2 700 dinars/ le quintal», affirme un éleveur venu de la région de Hassi Bahbah, wilaya de Djelfa. «Les moutons ne sont pas chers. Ils se vendent à leur juste prix», insiste-t-il. Si la majeure partie des citoyens fait demi-tour, certains, en revanche achètent sans la moindre hésitation. Ces derniers demandent simplement aux vendeurs de choisir le meilleur mouton, le mettent dans le véhicule et payent sans se soucier du prix. «Il y a heureusement des gens qui comprennent la difficulté de notre métier. Ils nous offrent même des pourboires et nous remercient pour la bonne qualité des moutons», se réjouit un éleveur, qui venait juste d'écouler trois moutons à 45 000 dinars chacun en moyenne.