Photo : Riad Par Amar Rafa Comme à chaque fête religieuse, la mercuriale s'enflamme. Outre les fruits et légumes qui ont amorcé une envolée depuis quelques jours déjà, le mouton est lui aussi hors de prix des bourses moyennes des Algériens. Comparés à ceux de l'année dernière, les prix du mouton ont connu cette année une hausse de près de 40%, résultat de la spéculation qui a pris en otage le marché aux bestiaux dans la perspective de la fête du sacrifice. Lequel marché s'est déplacé jusqu'à nos portes, en ville, à travers l'expansion tous azimuts de ce commerce. Pourtant, comme à l'accoutumée, les autorités ont beau tenter de règlementer ce commerce, mais rien n'y fait. Chasser le naturel, il revient au galop. Le manque de marchés officiels aux bestiaux, ouvrables à longueur d'année, est remplacé par l'informel. L'interdiction de la vente informelle du mouton a bel et bien été respectée durant la semaine qui nous sépare de l'Aïd. Mais à mesure que la fête approche, des marchés informels refont surface sur des places publiques, dans des locaux ou aux abords des autoroutes, causant des gênes à la circulation automobile ou incommodant les immeubles des déchets et autres odeurs. On relèvera que, dans ce cadre, la wilaya a désigné 110 points de vente de moutons à travers 43 communes en prévision de l'Aïd El Adha et un arrêté de wilaya interdisant l'exposition informelle de moutons et leur déplacement en grand nombre dans les rues de la capitale a été promulgué récemment. Tous les services compétents de la wilaya d'Alger sont à pied d'œuvre pour appliquer l'arrêté de wilaya n°3212 du 27 octobre 2010, qui réglemente la vente de moutons au niveau des communes disposant d'espaces adéquats pour cette activité et l'interdit dans les communes qui en sont dépourvues, nous annonce-t-on. C'est là le résultat de la sensibilisation menée par les services vétérinaires en direction de toutes les circonscriptions administratives de la wilaya d'Alger et les présidents d'APC, en vue d'aménager des lieux adéquats pour la vente des moutons avant l'Aïd, afin de faciliter l'intervention des vétérinaires le cas échéant. En cas de manquement, des mesures coercitives sont prévues et vont de «la saisie des moutons au paiement d'une amende», annonce-t-on en outre. Selon le chef de service contrôle et contentieux au niveau de la Direction du commerce, dans la wilaya d'Alger, le contrôle est particulièrement renforcé au niveau des communes où la pratique de cette activité est interdite. Plusieurs personnes, ayant loué des locaux pour la vente de moutons, ont été interpellées durant les deux dernières semaines et des procès-verbaux ont été dressés à leur encontre. C'est aussi en pareils moments que des organisations comme l'UGCAA, dont justement le rôle est de moraliser les pratiques commerciales, sont mises en évidence. Son secrétaire général a relevé les écarts des prix affichés dans différents marchés. Quant aux facteurs responsables de la hausse des prix, il n'hésitera pas à pointer du doigt les vendeurs occasionnels, maillon intermédiaire entre les éleveurs et les consommateurs, qui profitent de cette occasion pour faire des bénéfices. Le comportement du consommateur est primordial donc pour faire échec aux pratiques spéculatives ; il doit attendre les derniers jours pour acheter le mouton, ce qui va certainement influer sur les prix. Le responsable de l'UGCCA confirme la tendance baissière du marché à mesure qu'approche la fête de l'Aïd. Il devait l'expliquer par le fait que les vendeurs seront dans l'obligation d'écouler leurs bestiaux pour éviter les frais qu'occasionnerait le fourrage pour les nourrir. Par ailleurs, les fruits et légumes ne sont pas à l'abri de cette augmentation effrénée des prix. L'UGCAA rappelle que la demande est supérieure à l'offre, bien que les marchés soient inondés de fruits et légumes. Les prix amorcent cependant déjà une chute, a-t-il laissé entendre, avant de déplorer l'absence de contrôle des prix et de la qualité par les services de la Direction du commerce. Car quoi qu'on en dise, le commerce informel est la cause principale de la montée des prix.