Engagement n Les dirigeants de l'Otan ont décidé hier, samedi, de retirer leurs troupes de combat d'Afghanistan d'ici quatre ans, tout en s'engageant à soutenir à long terme le gouvernement de Kaboul. Les décisions prises au terme du sommet de l'Otan, qui ont été très attendues selon des observateurs, ont permis au secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen de parler d' «un des sommets les plus importants de l'histoire» de l'Alliance atlantique, qui aura également consacré une nouvelle stratégie pour la décennie ainsi qu'une transformation profonde de sa structure de commandement. Les 28 chefs d'Etat et de gouvernement réunis deux jours à Lisbonne ont donné leur aval à une stratégie de sortie d'une majorité de leurs 150.000 soldats à mesure que la responsabilité des combats sera transférée à l'armée afghane, tout en s'engageant à soutenir à long terme le gouvernement de Kaboul. «Nous avons lancé le processus par lequel le peuple afghan va redevenir maître de sa propre maison», a souligné M. Rasmussen. Ce passage de relais devrait débuter au plus tard à l'été 2011, et se poursuivre jusqu'à la fin 2014. Un responsable de la Maison Blanche a néanmoins reconnu que de «durs combats» attendaient encore les pays de l'Isaf, la force internationale commandée par l'Otan, tandis que les talibans promettaient une nouvelle fois «la défaite» de l'opération alliée. «Si les talibans ou qui que ce soit d'autre attend de nous voir dehors, ils peuvent l'oublier. Nous resterons aussi longtemps que nécessaire pour finir le travail», a affirmé M. Rasmussen. Ce dernier a souligné qu'avec le président afghan Hamid Karzaï avait été conclu «un partenariat à long terme qui va perdurer au-delà de notre mission de combat». Pendant la période de transition, au lieu d'être en première ligne, les troupes internationales exerceront de plus en plus un rôle de soutien et d'instruction militaire au profit de l'armée afghane. Mais elles continueront à l'exercer après 2014, a-t-il ajouté. Cette décision marque cependant un tournant, qu'une certaine lassitude des opinions publiques occidentales laissait prévoir. Autre événement phare de ce sommet, le sommet Otan-Russie, qui a permis d'abord aux dirigeants occidentaux d'obtenir de Moscou un clair signal d'appui à sa politique afghane. Malgré sa méfiance traditionnelle à l'égard de tout ce qui pourrait menacer sa force de dissuasion nucléaire, la Russie s'est ralliée à l'idée d'une coopération sur le bouclier antimissile destiné à protéger aussi le territoire européen. «Nous avons des projets ambitieux, nous allons travailler tous azimuts y compris sur la défense antimissile européenne», a déclaré M. Medvedev en jugeant «révolue» la «période très difficile de tension» que venaient de traverser l'Otan et la Russie. Talibans : «un signe d'échec» Les talibans ont estimé aujourd'hui, dimanche, que le plan de retrait d'Afghanistan des troupes de l'Alliance atlantique, présenté ce week-end à Lisbonne était « un signe d'échec » pour les Etats-Unis. L'accord signé hier, samedi, montre que Washington « n'a pas réussi à obtenir une assistance militaire supplémentaire de la part des autres membres de l'Otan, ou un engagement à continuer les opérations sur le long terme», estiment les talibans dans un communiqué envoyé par courriel. « Ce sont de bonnes nouvelles pour les Afghans et pour tous les amoureux de la liberté dans le monde, et c'est un signe d'échec pour le gouvernement américain », ont-ils ajouté. Hier, samedi, les talibans avaient déjà réagi à cette annonce, en jugeant que l'Otan était « vouée à la défaite».