Le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a réitéré, peu avant le sommet de Lisbonne, qu'un retrait des troupes étrangères d'Afghanistan d'ici fin 2014 était "réaliste", assurant cependant que "les alliés étaient prêts à rester engagés le temps nécessaire". Lors du sommet de l'Otan organisé vendredi et samedi à Lisbonne, "nous allons faire une très importante annonce: la transition progressive des responsabilités aux Afghans (l'armée afghane, NDLR) commencera début 2011. Nous espérons voir ce processus progressif terminé d'ici la fin 2014, et je trouve ce plan de route réaliste", a déclaré M. Rasmussen à la radio britannique BBC. "Je base mon optimisme sur des faits, et les faits sont que nous voyons des progrès concrets sur le terrain aujourd'hui en Afghanistan. Nous avons envoyé plus de troupes internationales et cela a un impact très net sur la situation en Afghanistan", a-t-il estimé. Interrogé sur la possibilité que les troupes américaines puissent commencer à se retirer l'an prochain, le chef de l'Otan a répondu: "Je ne suis pas au courant de projets concrets d'un retrait des troupes". "Au contraire, je pense que tous les alliés sont prêts à rester engagés le temps nécessaire pour finir notre travail", a-t-il ajouté. Le président américain a lui aussi confirmé que la réduction du contingent de son pays débuterait en juillet 2011, et il a appuyé le principe d'une réconciliation avec les taliban. "Les Etats-Unis et nos alliés de l'Otan soutiennent fortement un processus visant à réintégrer au sein de la société les taliban qui sont d'accord sur quelques points: abandonner la violence, rompre leurs liens avec Al Qaïda et accepter la Constitution afghane", a-t-il dit au journal espagnol El Pais. "Ceci commence par un dialogue avec les insurgés qui doit être mené par les Afghans eux-mêmes", a-t-il ajouté. Si cette stratégie sera formalisée lors du sommet de Lisbonne, des doutes demeurent au Pentagone et à l'Otan sur la capacité des forces afghanes à assumer la responsabilité de la sécurité nationale d'ici cette date. Le Haut représentant civil de l'Otan en Afghanistan, Mark Sedwill, a estimé que la force des insurgés dans plusieurs régions pourrait différer la date de transfert des responsabilités en matière de sécurité. De son côté, le Pentagone a jugé que la date de 2014 était "une aspiration" et pourrait ne pas se matérialiser sur l'ensemble du territoire afghan. "Il s'agit de la fin de 2014, donc en réalité c'est d'ici 2015 (...) même si notre volonté est d'avoir les forces de sécurité afghanes en première ligne dans la plupart du pays une prépondérance des forces de sécurité afghanes dans le pays, ce qui ne veut pas dire que ce sera le cas dans l'ensemble du pays", a déclaré le porte-parole du Pentagone. Après dix ans passés en Afghanistan, où la situation sur le terrain reste difficile, les Etats-Unis cherchent une voie de sortie afin de ne pas répéter l'expérience du Vietnam dans les années 1970. L'objectif des alliés n'est donc plus de défaire les taliban mais plutôt de trouver une solution politique au conflit, une tâche rendue difficile par le refus des insurgés d'entrer dans ce processus avant un retrait militaire complet, les nombreuses désertions dans les forces de sécurité afghanes et la corruption et la faiblesse du gouvernement d'Hamid Karzaï. Ceci ne devrait pas empêcher les dirigeants de l'Otan de réaffirmer leur volonté de demeurer un acteur militaire global, dans le cadre du concept stratégique de l'Alliance pour la prochaine décennie. Ils devraient en outre s'entendre sur un système de défense antimissile et renforcer leur coopération avec la Russie, dont le président Dmitri Medvedev se joindra au sommet samedi.