Béjaïa a toujours été un lieu de ferveur religieuse et un des pôles du mysticisme berbère musulman. Aujourd'hui encore, elle a la réputation d'être la ville qui a le plus de saints : quatre-vingt-dix-neuf, dit-on et si le centième n'avait pas été une femme – il s'agit de Yemma Gouraya –, Béjaïa aurait été prise comme l'un des lieux de pèlerinage de l'Islam. Parmi les saints hommes qui vivaient au début du XIe siècle de l'ère chrétienne, c'est-à-dire à l'époque d'al Naçir, on cite Sidi Touati, encore vénéré de nos jours et dont le sanctuaire est encore visité. Tous les saints pratiquent l'ascétisme pour libérer, par des pratiques comme le jeûne et la prière, leur esprit des contraintes matérielles. Sidi Touati, lui, le poussait à l'extrême, s'enfermant jour et nuit pour s'adonner à la méditation, à la lecture du Coran et à la prière. Il mangeait et dormait peu, il évitait la compagnie des hommes qui pouvaient le distraire de ses dévotions. Sa piété, son désintéressement pour les choses de ce monde et son savoir lui ont valu une immense popularité qui dépasse largement la région de Béjaïa. On venait le voir de partout, espérant capter un peu de la bénédiction qu'il portait. On le consultait aussi sur des questions religieuses.