Résumé de la 20e partie n L'émotion soulevée par le suicide du jeune disciple du Temple du peuple, tombe. Jim Jones, lui, jubile : on a parlé de sa secte... Tout va bien pour le révérend Jim Jones : l'argent rentre à flots, le nombre des adeptes augmente, la presse, la radio et la télévision parlent du révérend Jim Jones comme d'un prophète des temps modernes… En fait, durant cette période, le révérend est surtout intéressé par ses revenus, qui ne cessent d'augmenter bien que déjà on entrevît les premiers signes de son dérangement mental. «L'Amérique ne veut pas de moi, proclame-t-il, beaucoup voudraient qu'on me jette en prison ou même qu'on m'envoie sur la chaise électrique !» Et il se compare, comme il le fait souvent, aux premiers chrétiens livrés par les Romains aux fauves. Plus tard, les spécialistes qui se pencheront sur son cas parleront de paranoïa, atteinte psychique qui se manifeste justement par un délire de persécution qui tourne à la folie. «Il s'agit de délire très argumenté, très solide, très convaincant mais avec une base de raisonnement fausse qu'il est inutile de mettre en doute. Par exemple, c'est le cas de certains gourous qui mettent sur pied des sectes ou des pseudo-religions, dont la base repose sur leur propre origine mystique, leurs propres dons ou qualités, faux et autoproclamés. Le paranoïaque étant, en général, très convaincant, il arrive parfois à enrôler des personnes fragiles. Le mode de pensée paralogique du paranoïaque (conclusion erronée ou fausses à partir d'un fait réel) concourt aussi à ces «succès ». Dans La mécanique des sectes, J. M. Abgrall psychiatre et criminologue écrit : «Il n'y a pas de gourou sans paranoïa. C'est cette psychose qui lui donne le sentiment d'être différent du reste de l'humanité. C'est elle aussi qui va lui donner la conviction qu'il a un rôle de leader et de guide à jouer. Il s'agit là d'une pathologie de la personne caractérisée par quatre critères que la psychiatrie connaît depuis longtemps : l'hypertrophie du moi, la fausseté du jugement, la méfiance et la psychorigidité.... La totalité du monde doit se trouver à l'affût des désirs du gourou, qui deviennent l'expression de la volonté divine et de sa pensée qui devient le reflet de la vérité absolue. Construction égocentrique qui voue aux gémonies tout ce qui n'est pas à lui : «hors de moi point de salut» (ou hors de ma manière de voir les choses). En toute modestie, Moon se présente à ses disciples comme «le plus grand homme de l'univers, un géant, le prince de Dieu envoyé à la plénitude des temps.» Pour faire sourire, les discours des gourous n'en sont pas moins porteurs d'illogismes et d'absurdités aux conséquences dramatiques tels que le meurtre ou le suicide. Le faux jugement s'alimente de superstitions, de paralogisme, d'incompréhension du réel et d'interprétations abusives. Il tend à remplacer les éléments de cohérence de la société par l'incohérence du discours sectaire. C'est lui qui représente le fondement de la secte. Faire la preuve de l'incohérence du jugement d'un gourou entraîne la remise en question de la secte, car c'est s'attaquer à l'épine dorsale du système, à la crédibilité du leader, à la valeur même des idées qui cimentent le groupe. Ces aberrations de jugement se retrouvent dans tous les secteurs de la pensée, et c'est autour d'elles que se construisent les raisonnements paralogiques de la secte ; ce sont elles qui sécrètent des vues contraires à la logique la plus élémentaire...» (à suivre...)