Résumé de la 81e partie n Pour Victoria, Babylone est une déception... Ici, c'est intéressant, reprit Victoria. On a le sentiment qu'on est devant quelque chose de grand... Est-ce que vous connaissez le poème qui dit : «Quand tu étais roi dans Babylone et quand j'étais, moi, une esclave chrétienne...»? Qui sait ? Ce roi et cette esclave, c'étaient peut-être nous ? Edward sourit. — Je ne suis pas très fort sur les dates, mais il me semble bien qu'il n'était plus question de rois de Babylone quand on a commencé à parler des chrétiens... — Qu'est-ce que ça fait ? Ça vous aurait plu, d'être roi de Babylone ? — Certainement ! — Alors, disons que vous l'avez été et que vous êtes la réincarnation d'un souverain de l'antiquité. — En ce temps-là, les rois connaissaient leur métier et la façon de l'exercer ! Ils gouvernaient et le monde ressemblait à quelque chose. — Je ne sais pas, dit Victoria, songeuse, si j'aurais tellement aimé être une esclave, chrétienne ou pas ! Edward, lui aussi, suivait sa pensée. — Milton était dans le vrai, quand il écrivait : «Mieux vaut régner en Enfer que servir au Paradis.» J'ai toujours admiré son Satan. Victoria avoua qu'elle connaissait mal Milton. — Pourtant, ajouta-t-elle, j'ai vu son Comus au Sadler'a Wells et j'ai trouvé ça très bien. Margot Fonteyn était adorable… — Si vous étiez une esclave, Victoria, je vous donnerais votre liberté et je vous emporterais dans mon harem... Là-bas… Il montrait du doigt un tumulus. Une lueur malicieuse passa dans les prunelles de Victoria. — A propos de harem... Edward coupa la parole à la jeune fille : — Comment vous entendez-vous avec Catherine ? — Comment savez-vous que c'est à elle que je pensais ? — Je ne me trompais pas, vous voyez !... J'aimerais tant que vous deveniez de bonnes amies ! — Ce que les hommes peuvent être drôles ! Pourquoi diable tiennent-ils toujours à ce que toutes les filles qu'ils connaissent soient bien ensemble ? Edward, qui s'était allongé sur le dos, les mains croisées derrière la nuque, se redressa. — Vous m'avez mal compris, Victoria. D'abord, cette allusion aux harems est ridicule… — Pas du tout ! Au Rameau d'Olivier, elles courent toutes après vous. Ça me rend folle ! — Vous êtes très jolie quand vous êtes en colère répliqua Edward. Mais revenons à Catherine ! J'aimerais vous voir en bons termes avec elle, uniquement parce que je crois que c'est par elle que nous découvrirons ce que nous cherchons. Elle sait quelque chose. — Vous croyez ? — Rappelez-vous ce que je lui ai entendu dire à propos d'Anna Scheele. — Je n'y pensais plus. — Au fait, Karl Marx... Ça n'a rien rendu ? — Jusqu'à présent, personne n'est encore venu me demander de m'inscrire à quelque parti que ce soit. A suivre D'après Agatha Christie