Brutalité, sévices, pressions psychologiques, cellules inappropriées et sales : le constat sur l'application de la garde à vue est très négatif. A cela, vient s'ajouter le recours abusif des juges d'instruction à la détention préventive. Me Kessentini a dénoncé tous ces manquements qui portent atteinte aux droits et à la dignité de l'Homme. Ce rapport soulève de graves violations faites aux personnes placées en garde à vue, notamment la brutalité, les sévices et les pressions psychologiques. Interrogé sur ce point lors de son passage ce matin à la chaîne III de la radio nationale, le président de la Cncppdh a attribué cela au «petit» personnel de la police qui se rend coupable de ces dépassements qui sont inadmissibles en droit et qui sont contraires aux droits des personnes. «Nous avons tenu à signaler ce fait de façon à ce que soit apportée une correction immédiate parce que cela est insupportable et parce que cela risque, par la suite, de fausser tout le devenir d'un procès», a indiqué maître Farouk Kessentini. Dans ce rapport, la Cncppdh critique les conditions de détention durant la garde à vue, notamment l'absence d'hygiène, les cellules inappropriées, les normes qui ne sont pas compatibles avec la dignité de la personne suspecte. «Il faut absolument travailler à la correction de ces paramètres. Les cellules doivent être aménagées et propres. Les agents qui gardent les personnes placées en garde à vue, doivent comprendre que l'utilisation de la violence, même psychologique, est interdite par la loi et par la Constitution et qu'il faut respecter les personnes qui sont protégées par la présomption d'innocence», a expliqué maître Kessentini. Pour améliorer les conditions durant la garde à vue, il demande l'amendement du code de procédure pénale pour assurer une protection effective des droits des personnes. S'agissant de la détention préventive, grand point noir de la justice algérienne, le président de la Cncppdh dénonce ce qu'il appelle un recours abusif du juge d'instruction à la détention préventive qui souvent ne sert, estime-t-il, à rien. «Il faut absolument changer d'optique, changer de comportement et faire en sorte que ne soient mises en détention préventive que les personnes qui sont réellement dangereuses et qui sont susceptibles de récidiver. Toutes les autres, particulièrement en matière correctionnelle, peuvent être laissées en liberté provisoire avant de comparaître librement devant une juridiction», a estimé maître Kessentini. «La loi dit clairement que la détention est une mesure exceptionnelle, or ce qui est exceptionnelle est devenu la règle !», s'est-t-il exclamé avant d'ajouter : «Ce n'est pas normal. Il faut trouver une solution pour que la loi soit correctement appliquée sans se déclarer la guerre les uns aux autres».