Succès n Le Festival culturel maghrébin de musique andalouse est désormais inscrit au calendrier officiel des activités de l'Union du Maghreb arabe (Uma). Qualifiée de grande réussite par ses organisateurs et le grand public, la 2e édition du Festival culturel maghrébin de musique andalouse de Koléa (Tipasa), qui a pris fin samedi, a marqué les esprits. D'ailleurs le commissaire du festival, Abdelhamid Belblidia, nous a déclaré : «Ce festival s'inscrit au calendrier officiel des activités de l'Union du Maghreb arabe. Désormais, et avec l'ouverture prochaine de la nouvelle Maison de la culture de Koléa, ce festival sera organisé, chaque printemps, au mois de mars pour coïncider avec les vacances scolaires. Mais la prochaine édition sera exceptionnellement organisée vers la fin avril pour des raisons de calendrier.» Il s'est dit satisfait du public de Koléa qui venait tous les soirs découvrir toutes les troupes venues des pays du Maghreb, montrer tout leur savoir-faire. M. Belblidia, nous a également révélé qu'à chaque édition de ce festival, le public découvrira de nouvelles troupes musicales. «On voudrait offrir toutes les facettes de la musique andalouse de chaque pays à notre public. Y compris des musiques qui ont eu des influences arabo- musulmanes (portugaise, espagnole, italienne et autres...).» Par ailleurs pour l'écrivain et membre organisateur du festival, Abdelkader Bendaâmèche, cette 2e édition était déjà, au départ, une réussite. «A Koléa, il y a un terrain propice à l'organisation d'une telle manifestation», nous a-t-il déclaré. Il a beaucoup apprécié les hommages rendus à des figures qui ont marqué cet art millénaire andalou dans notre pays. «Je suis très attaché au passé car comme le dit si bien l'adage : ‘'Celui qui sait d'où il vient, sait où il va''. Le fait d'évoquer deux personnalités telles que Abderrahmane Belhocine – dont on parle pour la 1re fois – et Belkaïd Abdelghani qui font partie du terreau sur lequel s'assoit l'action culturelle du pays, m'a particulièrement touché.» Et d'enchaîner : «Cette manifestation s'inscrit dans le cadre d'une action grandiose de l'institutionnalisation des festivals dans le pays, que ce soit soient au niveau local, maghrébin ou régional, national ou international». M. Bendaâmèche se félicite aussi de l'existence de près de 123 festivals à l'échelle nationale : «Il y a quelques années, on rêvait d'avoir l'institutionnalisation d'un seul festival. Merci à l'Etat et au ministère de la Culture d'avoir pensé à tout cela. Ce qui permet de créer un tissu d'une action culturelle pérenne». Le vice-président de l'association Dar El-Gharnatia de Koléa, Nordine Labri, s'est dit ému par ce public – dont beaucoup de familles, soit plus de 1 600 mélomanes – venu en masse au niveau de ce majestueux chapiteau de l'institut national des impôts de Koléa. Ce public, non seulement de Koléa, mais aussi des régions du Sahel, de la Mitidja, d'Alger, de Miliana, de Tizi Ouzou, de Blida et de Tipasa, a bravé le froid pour prendre part à cet événement. Dédiée au grand interprète et talentueux musicien de la musique citadine, andalouse, aroubie et hawzie, cheikh Abdelghani Belkaïd, la soirée de clôture de la 2e édition de ce Festival a été animée par l'ensemble pilote de Tipasa qui regroupe les 5 grandes associations musicales de la musique andalouse de la wilaya, sous la direction du grand maître cheikh Smaïl Hakem. Ce bel ensemble artistique traditionnel, à savoir Dar el-Gharnatia, el-Bachtarzia, el-Fen el-Assil, El-Kaysaria et Er-Rachidia, a cloué le public sur son siège jusqu'à une heure tardive de la nuit. L'orchestre de Abdelhamid Taleb Bendiab et celui de Saâdeddine El-Andaloussi ont, eux aussi, su tenir en haleine ce public connaisseur. Une animation du style «chioukh» d'antan faite par un jeune d'à-peine 23 ans qui fredonnait les mouachahate, les poèmes qcid et les textes andalous, a imposé une ambiance particulière. Abdel Moumène Hawa dit «Moumène» de Mostaganem qui adore Rachda que sa mère lui a appris quand il était enfant, est un animateur hors du commun. Il est passé du théâtre au cinéma pour enfin opter pour l'animation, le créneau qu'il préfère. Cheikh Abdelghani Belkaïd a, pour rappel, été honoré par la célèbre institution universitaire de la Sorbonne de Paris. Ce fils de Saoula (Alger) a été découvert par Mahieddine Bachtarzi. Il faisait partie de l'orchestre de variétés de l'Opéra d'Alger dans les années 50. Maître formateur et grande personnalité de l'histoire musicale algérienne, feu cheikh Abdellah Belhocine dit «Abderrahmane», l'un des fils de Bab Edjdid de La Casbah d'Alger a, lui aussi, été honoré lors de l'ouverture du festival. Il subjuguait son public par sa manipulation «magique» des instruments notamment la mandoline, le violon, l'alto.... Son intégration à l'orchestre classique a permis à plusieurs artistes et musiciens d'apprendre cet art andalou dont Merzak Boudjemia, Abdelouahab Salim et Nachid Banadai jusqu'à son décès à l'âge de 74 ans le 5 septembre 1983.