Résumé de la 14e partie n Karim ne sait toujours pas si c'est de l'amour qu'il ressent pour Nesrine ou de la pitié. Après avoir hésité pendant une semaine, il décide d'aller la voir. Il acheté des fleurs auprès des jeunes enfants qui en vendent près de l'hôpital : juste trois roses et quelques branches, mais il préfère ces fleurs aux gâteaux et aux fruits que la jeune fille ne mangera sans doute pas. Il va au pavillon où se trouve la jeune fille et entre dans sa chambre. Il recule aussitôt : il y a deux autres femmes à sa place. — Euh, bafouille-t-il, excusez-moi, je me suis trompé. Il a dû se tromper : il regarde le numéro de la chambre inscrit sur la porte : c'est bien le numéro et il le connaît pour être venu là deux fois ! il regarde quand même dans la chambre à côté et dans les autres chambres, sans trouver Nesrine. Mais où est-elle passée ? une idée terrible lui traverse l'esprit : et si elle était morte ? Il s'affole et court au bureau des admissions : — Mademoiselle Nesrine M., dit-il, on lui a changé de pavillon ? Le préposé le regarde, en fronçant les sourcils, puis dit, en souriant. — La petite Nesrine ? elle est rentrée chez elle, hier ! Karim respire. — Ah, dit-il, elle est donc guérie ? — Pas tout à fait, dit l'homme, mais comme elle va mieux et qu'elle s'ennuie ici, les médecins l'ont autorisée à rentrer chez elle. — Merci, dit Karim. Il a envie de lui demander ce que la jeune fille a, mais il change d'avis : ce serait faire preuve d'indiscrétion. Mais ce que lui a dit l'homme va le préoccuper. Il se rappelle aussi que le jour où il est venu à l'hôpital et qu'il a demandé au père de Nesrine si ce qu'elle avait était grave, il a répondu «oui». Comme à son habitude, Karim se culpabilise : Nesrine souffre d'une maladie grave et lui n'est pas retourné la voir, peut-être l'a-t-elle attendu durant tous les jours où elle était hospitalisée, alors que lui s'occupait de futilités ! Même s'il n'éprouve pas d'amour pour elle, il a le devoir, par charité, de l'assister, d'alléger sa peine, ne serait-ce que par une visite amicale ! Charité ! Mais ce n'est pas par charité qu'il agit ! et s'il est bouleversé, en ce moment même, ce n'est certainement pas par pitié ! Comme il a envie de revoir ce beau visage pâli par la maladie, ces grands yeux noisette, brûlés par la fièvre… Non, le sentiment qu'il a pour elle n'est dicté ni par la charité ni par la pitié : il l'aime ! Il l'aime ! Il ne sait pas vraiment ce que cela veut dire, mais il se le répète dix fois : il l'aime ! Et c'est un bouleversement de tout son être. Il l'aime mais tandis qu'elle souffrait, il se posait des questions, il prenait le temps de découvrir la nature réelle de ses sentiments… Il va retrouver l'une des filles avec qui il est allé à l'hôpital la première fois et lui demande le numéro de téléphone de Nesrine. — Tu veux l'appeler ? demande-t-elle, amusée. — S'il te plaît, dit-il. Elle perçoit tant de détresse dans son regard qu'elle lui donne le numéro sans poser d'autres questions. (à suivre...)