InfoSoir : Quelle analyse faites-vous de la tendance haussière des prix des produits alimentaires de base sur le marché international ? Et quelles sont, selon vous, ses répercussions sur le marché interne ? Mebarek Malek Serrai : On observe à l'échelle mondiale de grandes perturbations climatiques (neige, sécheresse, inondations, verglas, vents puissants...). Des pertes importantes en matières premières et produits alimentaires en découlent. Cela sans compter les perturbations enregistrées au niveau des Bourses financières qui rendent nerveuses les grandes places de négociation des matières premières et alimentaires. La spéculation féroce de groupes internationaux des «commoditis» ont complètement faussé les bonnes habitudes de négoce et l'importation de ces produits. Cette situation a engendré une flambée des prix des principaux produits que l'Algérie importe. Résultat : une facture alimentaire plus élevée et de sérieux déséquilibres dans le budget alloué aux produits alimentaires. De ce fait, le marché national est devenu méconnaissable au grand désarroi des consommateurs. Nous avons constaté, depuis l'entame de l'année 2011, une augmentation des prix des produits de première nécessité. Quels en seront les effets directs sur le consommateur et surtout sur le marché de l'agroalimentaire ? Le consommateur n'arrive plus à gérer convenablement son budget alimentaire. Il devra réduire ses achats, consommer moins de calories, donc courir le risque d'un déséquilibre alimentaire, préjudiciable pour sa santé. Quant au marché, bien que suffisamment approvisionné et de manière régulière, il ne répond plus à l'économie des ménages. La facture d'importation des céréales a été estimée entre 700 000 et 800 000 dollars à fin 2010. Cette augmentation se poursuivra-t-elle en 2011 ? J'avais déjà prévenu, il y a quelques mois dans les colonnes d'un de vos confrères francophones, que la facture d'importation des céréales sera très chère entre novembre et décembre 2010 et mars et avril 2011. Il est impératif d'assurer le stock de sécurité, et ce, quel que soit le niveau des prix de l'importation. Cependant, de mon point de vue, il faudrait attendre juin - juillet 2011, période d'entrée de nouvelles productions, pour voir les prix se stabiliser, voire baisser. Face à la détresse des citoyens, surtout les plus démunis, quelle solution suggérez-vous pour éviter cette crise alimentaire ? Face à cette crise, nous pensons que le gouvernement n'a d'autre alternative que la défiscalisation des produits alimentaires. La vulgarisation de nouvelles habitudes de consommation économique visant notamment à éviter le gaspillage et à réadapter le système de consommation des Algériens vers plus de légumes frais. Quel impact sur le pouvoir d'achat du citoyen ? L'impact est déjà terrible, car il touche de plein fouet le pouvoir d'achat des citoyens. Pis encore. Quitte à me répéter, il contribue à la hausse de l'inflation. Cette dernière aura d'autres répercussions négatives qui rendraient nos concitoyens plus vulnérables dans leur vie courante. Que doit faire le gouvernement pour stabiliser et réguler le marché local, pour éviter un déséquilibre alimentaire pour le consommateur ? Le gouvernement a, jusqu'à présent, réussi à approvisionner le marché. L'Etat doit cependant veiller à réguler davantage et ce, pour maintenir une certaine stabilité dans l'offre et répondre normalement et de manière permanente à la demande des consommateurs. C'est à ce prix qu'on pourra éviter un déséquilibre alimentaire aux consommateurs. Globalement, les stocks de sécurité doivent être maintenus à leurs niveaux habituels afin de répondre à toute éventuelle déficience à l'importation.