Résumé de la 113e partie n A présent, Victoria comprend ce que Carmichaël avait voulu dire en prononçant le nom de Lucifer... C'était le visage même qu'elle était en train de contempler. Lucifer le plus beau des anges, ange déchu ! «Lucifer, Fils du Matin, comment es-tu tombé ?» Rathbone, le chef ? Non. Le chef, c'était Edward ! En apparence, un simple secrétaire de rien du tout. En réalité, celui qui dirigeait tout. Rathbone ? Un paravent, une «couverture». Et peut-être pas un mauvais homme... Il avait conseillé à Victoria de s'en aller pendant qu'il était encore temps... Du même coup, elle découvrait que, contrairement à ce qu'elle avait cru, elle n'avait jamais aimé Edward. Il lui avait plu, bien sûr, mais elle ne l'avait pas aimé d'amour. Elle avait été amoureuse de lui comme elle l'avait été, toute gosse, de Humphrey Bogart et, plus tard, du duc d'Edimbourg. Quant à Edward, il ne l'avait jamais aimée. Il lui avait joué la comédie, et comme une sotte, elle avait «marché». A fond ! Toutes ces réflexions n'avaient pris à Victoria que quelques secondes et rien dans son attitude ne trahissait ses préoccupations. Elle regardait Edward tendrement et avec une évidente admiration. Son instinct, en effet, l'avertissait qu'elle était en danger et quelle n'avait probablement qu'un seul moyen de se sauver. Elle l'employa. — Vous savez ce que je crois ? dit-elle. Je crois que c'est vous qui avez tout arrangé pour que je vienne ici ! Vous êtes un homme merveilleux, Edward ! Un sourire un peu méprisant pinça les lèvres d'Edward. Il se sentait soulagé, ses craintes d'un instant dissipées et Victoria devinait ce qu'il pensait : «Pauvre idiote ! Elle avale n'importe quoi ! Je peux faire d'elle ce que je veux !» — Mais, reprit-elle, comment vous y êtes-vous pris ? Pour arranger ça, Il fallait être rudement fort ! Je finirai par croire que vous êtes aussi puissant que ces rois de Babylone dont vous me parliez l'autre jour ! — L'orgueil éclairait le visage d'Edward. Son masque avait quelque chose de fier et de cruel. Victoria ne retrouvait pas le jeune homme, sympathique mais simple, qu'elle avait cru aimer. Encore qu'il lui en coûtât, elle ajouta avec l'amoureuse anxiété qui convenait : — Mais ça ne vous empêcha pas de m'aimer vraiment ? Le sourire d'Edward s'accentua. Ces filles étaient toutes les mêmes ! On leur disait qu'on était amoureux d'elles, elles le croyaient sans l'ombre d'une hésitation et elles ne pensaient plus qu'à cela ! Des mentalités d'esclaves, toutes ! — Je vous aime, dit-il, vous le savez-bien ! — Mais, Edward, au fond de tout cela, qu'y a-t-il ? Dites-le-moi Edward ! Je voudrais tant comprendre ! — Il s'agit d'un monde nouveau. Victoria, un monde, nouveau qui doit s'édifier sur les ruines et les cendres d'un vieux monde pourri ! — Expliquez-moi ! Il le fit, s'animant ; à mesure qu'il partait des chères utopies qui étaient devenues sa raison de vivre. Deux grandes forces se disputaient le monde : le Capitalisme et le Communisme. (à suivre...)