Musique n La salle Sierra Maestra a vibré, jeudi dernier, aux rythmes de sonorités plurielles lors d'un récital exceptionnel donné par la chanteuse Inès. Inès est revenue à Alger pour donner ce concert, organisé par l'établissement Arts et Culture, qu'elle avait promis l'année dernière à son public. Ainsi, comme souhaité, cette chanteuse à la voix de velours et au professionnalisme avéré, a-t-elle dévoilé, au bonheur de l'assistance, son premier album éponyme, qui est dans les bacs. Sur scène, Inès, entourée de ses musiciens : Raphaël à l'harmonica, Yves à la batterie, Choucoucou à la percussion, Hafid à la basse et le fameux Karim Albert Kook à la guitare, était belle et élégante. Sa prestance était digne et distinguée ; les regards étaient accrochés à son image qui suscitait admiration et communion. Elle a d'abord interprété No Matter where you are, The Fact chantées en anglais et en arabe et From so far, qu'elle a dédié à ses parents. La soirée a été ponctuée par des airs gorgés de nostalgie et de tonalités berbères. Inès a enchaîné avec Bali Haïran et Khalini naïch. Vint le moment où elle transporta particulièrement le public avec cette chanson qu'elle crie haut et fort comme une revendication légitime, une affirmation, une logique sans faille, Djazaïria, rehaussée du son de la derbouka et des notes de la guitare de Karim Albert Kook. Plus tard, Inès invite sur scène l'artiste Mohamed Rouane, afin de l'accompagner à la composition La Baie d'Alger, chantée en français puis en kabyle. Un bel hommage au maître du chaâbi Hadj M'hamed El-Anka. Le récital riche en sonorités était, outre un moment magique fait de rencontre, de découverte et de partage, un moment d'effusion de sons, de rythmes, de tons et d'accents. C'était un pur moment de gaieté et de jubilation musicale. L'ambiance était à son comble. Allant d'une chanson à l'autre, du début jusqu'à la fin du récital, Inès s'est montrée crédible et convaincante dans son interprétation par laquelle elle s'est admirablement distinguée. Le jeu musical, aussi bien l'orchestration que l'interprétation vocalique, était prenants, un agréable voyage dans l'univers des sonorités qui abondaient généreusement, un jeu accord, régulier, harmonieux. C'était indéniablement un concert de bonne facture. L'originalité de l'artiste, c'est qu'elle chante en arabe, en français et en anglais ; elle chante aussi en kabyle, cela confère à son interprétation du style et du caractère. Ce que l'on retient de la performance musicale d'Inès, performance se déployant dans une résonance fluide et démonstrative, ce sont bien les mélodies. Il y a certes la voix qui est douce et sensuelle, élégante et gorgée de soleil. Une voix exceptionnelle et charismatique, chargée d'émotion, de joie et également de spleen (mélancolie), mais qui est aussi un hymne à l'amour et à la sérénité. Mais c'est surtout sa musique qui se caractérise par une grande richesse de sonorités. Effectivement, la musique dans laquelle Inès évolue est nourrie de plusieurs influences : on y trouve de la folk, de la pop, du rock, du blues et même du chaâbi. Cette musique est née de ses voyages en Europe comme en Amérique, de ses rencontres comme de ses expériences. Puisant çà et là son inspiration, Inès a réussi à faire un beau métissage ; ce qui confère à sa musique une grande originalité.