Inès ira à la rencontre de son public auquel elle racontera en chansons sa vie, ses déboires, ses amours et ses espoirs. La salle Sierra Maestra a accueilli, jeudi soir, le concert de la jeune chanteuse algérienne Inès qui a distillé au public chaleur et émotion. Son premier concert à Alger. Bien qu'il n'y avait pas beaucoup de monde, Inès, puisque c'est d'elle qu'il s'agit, a su transformer le vide en énergie et nous emmener au coeur de son univers et nous faire partager son intimité. La chanteuse, qui s'est installée depuis plus de quatre ans en France, a fait du chemin, nourrie de l'expérience acquise sur les scènes du monde. Aujourd'hui, la voilà qui revient dans son pays natal avec un cadeau: son premier album Inès, le sien pour dire sa vie, ses déboires, ses amours et ses espoirs. Inès accompagnée de ses musiciens, à savoir Raphaël à l'harmonica, Yves à la batterie, Choucoucou à la percussion, Hafid à la basse et le fameux Karim Albert Kook à la guitare, égrena les différents titres de son album annonçant la couleur avec Holding back. Son morceau phare The fact chanté en anglais et en arabe, sous l'effet de la lumière tamisée, plongera la salle dans une ambiance particulière. «Cet album commence par l'histoire de deux êtres séparés par la mer Méditerranée», confie-t-elle. Inès interprète ensuite No mattrer where you are (peu importe où tu es). Puis elle nous invite à visiter son Petit Monde, un univers «fragile mais libre». Inès poursuit son concert avec une chanson inédite que l'on ne trouve pas dans l'album, From so far, qu'elle dédie à ses parents, indiquant que même loin «je peux les voir et pense à eux». Entre-temps, le public continue à affluer. Inès chante encore des airs gorgés de nostalgie et de tonalités indicibles berbères. La mélancolie n'est pas très loin, mais le sourire ravageur d'Inès permet de faire l'équilibre indubitablement. Inès enchaîne avec Bali haïran et Khalini naïch, exhortant chacun à rejoindre ses rêves et espoirs. Un hymne à la liberté de la femme, à la vie tout court. Une chanson rythmée sur un air kabylo-rock. Vint le moment où Inès abreuvera le public de son identité algérienne avec cette chanson qu'elle brandit haut et fort comme une revendication légitime, une affirmation, une logique sans faille, Djazaïria, rehaussée du son de la derbouka et des notes de la guitare de Karim Albert Kook dans un souffle de riffs explosifs. Place à la rêverie, la béatitude et la sérénité. Inès invite alors sur scène, l'artiste Mohamed Rouane, afin de l'accompagner à la composition La baie d'Alger, chantée en français puis en kabyle. Un bel hommage au maître du chaâbi Hadj M'hamed El Anka. «Laisse moi à tes côtés...» chante Ines remplissant de baume l'âme de l'assistance tombée sous le charme. Il en est de même sur Salami Alik. Moment de plénitude et de méditation dans la salle. Un air de poésie plane sur la scène de la salle Sierra Maestra. S'ensuivent des youyous gorgés de soleil. Changement de registre. Inès revient en arrière. Son passé, ses années à la Fac de Bouzaréah, où elle passait son temps à chanter allègrement avec témérité et condescendance. Instant de nostalgie, Inès convoque Tracy Chapman avec sa célèbre chanson Revolution qu'elle reprendra à sa façon. «Une chanson qui veut dire des choses surtout en ce moment...» révèle-t-elle pour coller à l'actualité... Inès qui veut prendre congé de son public est bissé. Le public en redemande. Elle reprend Djazaïria avant d'inviter Karim Albert Kook à finir en beauté cette soirée, placée sous le signe de la bonne ambiance et de l'émotion à l'état pur. Après le concert, Inès se pliera à la traditionnelle séance de vente-dédicace où elle ira souriante à la rencontre de son public pour signer avec le sourire son album, en prenant le soin d'échanger quelques mots avec lui... en attendant un nouveau concert.