Retard n Même s'ils constituent une véritable force de proposition pour l'accompagnement des politiques publiques dans les pays développés ; au Maghreb on hésite à consulter ces centres de réflexion. Le Cercle d'action et de réflexion autour de l'Entreprise (Care) a organisé, au mois de juin dernier à l'Ecole supérieure algérienne des affaires (Esaa) à Alger, en partenariat avec le journal les Afriques et la Fondation Friedrich-Naumann, une conférence-débat sous le thème «Le rôle et la place des think-tanks dans les pays du Maghreb». L'émergence des think-tanks est souvent perçue comme un enjeu fondamental de la gouvernance moderne. Estimés à près de 5 000 dans le monde, les think-tanks sont considérés comme de puissants espaces d'influence des politiques publiques. Ils constituent incontestablement des formes nouvelles d'expression et de documentation de réflexion mais aussi de décision. Selon Mme Khadija Mohsen-Finan, chercheuse à l'Institut français des relations internationales (Ifri, Paris), les think-tanks sont des entités à caractère permanent, en principe de droit privé, indépendantes, rassemblant des experts, voués à la recherche d'idées nouvelles et cherchant à peser sur les affaires publiques et, bien sûr, sur les décisions entreprises par les politiques. Cependant, selon elle, ces centres de réflexion ne seront efficaces et puissants que grâce à leur séduction intellectuelle et à la pertinence de leurs analyses et propositions efficientes. Pour elle, ces centres ne peuvent pas être politisés ni partisans. Cet avis est loin d'être partagé par d'autres observateurs qui voient que beaucoup de centres font des travaux de propagande au profit des parties pour lesquelles ils fournissent des services en matière de conseils. La conférencière a tenu à souligner que les think-tanks apportent des solutions relatives au bien commun, sans participer directement au pouvoir politique ni tenter de le conquérir. Aux yeux de la conférencière, les think-tanks doivent être autonomes à l'égard des intérêts privés ou publics, ainsi qu'au financement. Dans les pays du Maghreb, ces centres ne connaissent pas un développement comme celui observé aux Etats-Unis d'Amérique, par exemple. Mme Mohsen-Finan dira, à ce sujet, que les pouvoirs publics dans ces pays hésitent à solliciter une expertise auprès de structures autonomes et indépendantes. Ainsi les pays maghrébins préfèrent-ils piocher dans leur propre entourage. Pour elle, les think-tanks, présents en Tunisie ou au Maroc ne jouent pas vraiment leur rôle dans la prise de décisions politiques et économiques. Selon elle, leur mise en place est conditionnée par l'existence d'un véritable système démocratique. «Il ne peut y avoir de véritables think-tanks ni de véritable décollage économique avec un champ politique verrouillé», a-t-elle expliqué.