L'opposant Moncef Marzouk a annoncé ce lundi sa candidature à la présidentielle prévue dans un délai de deux mois. Il s'est interrogé, cependant, sur la crédibilité que voudront donner les autorités à ce scrutin. «Sous quelle Constitution allons-nous faire ces élections ? Le code électoral en vigueur sera-t-il aboli ? La dictature, ce n'est pas simplement Ben Ali…» La plupart des commerces restaient cependant fermés, à l'exception de rares cafés, bureaux de tabac et boulangeries. De nombreux policiers en armes étaient postés dans les rues. Des hommes portant parfois jusqu'à 10 baguettes de pain par crainte d'une pénurie circulent dans certains quartiers de la capitale. Trois jours après la chute du régime Ben Ali après un mois d'émeutes, l'armée était déployée autour du ministère de l'Intérieur devant l'entrée duquel ont été déroulés des barbelés. De nombreux policiers en armes et un véhicule blindé de transport de troupes étaient postés dans les rues adjacentes de l'avenue Habib-Bourguiba. De violents affrontements ont opposé hier soir à Tunis forces de sécurité et éléments fidèles au chef de l'Etat déchu Ben Ali, qui ont été attaqués par l'armée dans le palais présidentiel de Carthage. Des tirs, d'abord sporadiques, puis de plus en plus nourris, ont été échangés pendant deux heures dans l'après-midi à Tunis entre des francs-tireurs cachés dans des immeubles et des policiers et des militaires, près de l'avenue Bourguiba. Deux francs-tireurs ont été abattus dans ces affrontements. Quelques heures plus tard, lorsque le couvre-feu était en vigueur, l'armée a donné l'assaut au palais présidentiel de Carthage dans lequel s'étaient retranchés des éléments de la garde présidentielle de Zine el Abidine Ben Ali. Des habitants de Carthage ont également fait état de tirs dans ce secteur. Alors que la nuit de vendredi à samedi avait été émaillée d'actes de vandalisme et de pillages, la capitale s'était réveillée dans le calme hier matin. Des comités de vigilance avaient organisé des rondes dans les quartiers. «On n'a pas peur : les hommes protègent nos quartiers des miliciens armés qui sont là pour terroriser. Je me sens en sécurité », a témoigné Mouna Ouerghi, 29 ans, professeur d'université. La situation s'est brusquement tendue en début d'après-midi : les policiers sont devenus de plus en plus nerveux, contrôlant systématiquement les véhicules. Le Premier ministre Mohammed Ghannouchi, a averti hier soir que les autorités de transition ne feraient preuve d' « aucune tolérance » envers ceux qui sèment le chaos dans le pays, dans une déclaration téléphonique à la télévision publique.