Résumé de la 119e partie n Dans quel but Edward fait-il déguiser Victoria en religieuse devenue alors sœur Marie des Anges ? Vraisemblablement rien, hormis… la mort de Victoria Jones. Sœur Thérèse avait glissé dans sa manche un automatique et quoi qu'il dût lui en coûter, elle ne laisserait pas à sœur Marie des Anges le temps de raconter ses malheurs. Les risques seraient-ils moindres à Damas ? C'était douteux. Rien ne prouvait que sœur Thérèse n'avait pas sur elle quelque certificat attestant que sœur Marie des Anges avait perdu la raison. Mieux valait jouer le jeu jusqu'au bout, être Anna Scheele à l'arrivée à Bagdad et crânement rester Anna Scheele jusqu'à la dernière seconde. Un moment viendrait nécessairement où Edward n'exercerait plus sur elle aucun contrôle. Elle irait à la conférence, elle apporterait les documents et, cela fait, personne ne serait là pour l'empêcher de crier : «Je ne suis pas Anna Scheele et ces papiers sont des faux !» Qu'Edward prît ce risque la chose l'étonnait. Mais la vanité aveugle les forts et Edward et ses acolytes ne pouvaient se passer d'Anna Scheele. Pour réussir, il leur fallait une Anna Scheele et, pour tenir le rôle, personne ne pouvait se substituer à Victoria. Les «surhommes» avaient besoin de Victoria Jones, une simple dactylo... Leur prisonnière ? Sans doute... Mais une prisonnière qui, en fin de compte, avait encore une très belle carte à jouer. L'énorme Skymaster décrivit au-dessus du terrain une courbe gracieuse, se posa «comme une fleur», ainsi que disent les aviateurs, et roula sur l'aire d'atterrissage jusqu'au débarcadère. Les passagers descendirent de l'appareil pour être répartis en deux groupes : ceux qui continuaient sur Bassorah et ceux qui prenaient l'avion assurant la correspondance de Bagdad. Soumis à différentes formalités de contrôle, ces derniers n'étaient que quatre : un Irakien qui ne pouvait être qu'un gros commerçant, un jeune médecin anglais et deux femmes. La première était une brune aux traits tirés. Une écharpe de soie retenait tant bien que mal ses cheveux coiffés à la diable. — Madame Pauncefoot Jones ? dit l'employé qui examinait son passeport. Anglaise ?… Vous allez rejoindre votre mari ? Parfait. Votre adresse à Bagdad je vous prie ?... Merci. Comme argent, qu'avez-vous ? La seconde femme était une jeune femme blonde d'apparence assez frêle, vêtue proprement, mais sans recherche. — Mademoiselle Grete Harden ?… Danoise. Venant de Londres... Masseuse.. Votre adresse à Bagdad ?... Merci... Qu'avez-vous comme argent ? Les quatre voyageurs furent informés que l'avion de Bagdad partirait dans l'après-midi et qu'une voiture était à leur disposition pour les conduire à l'Abbassid Hôtel où ils pourraient déjeuner et prendre un peu de repos. Grete Harden était allongée sur son lit quand on frappa à la porte de sa chambre. Elle alla ouvrir et se trouva en présence d'une hôtesse de l'air portant l'uniforme de la compagnie. (à suivre...)