La sécurité à nos frontières sud est plus que jamais à l'ordre du jour, et la visite, hier, du ministre nigérien de l'Intérieur s'inscrit dans cette démarche de renforcer la coopération entre les deux pays. D'ores et déjà, la décision a été prise de relancer le comité bilatéral frontalier, créé à la faveur d'un accord conclu entre les deux pays, le 30 octobre 1997. Ainsi, la deuxième session ministérielle de cette structure se réunira aujourd'hui et demain à Tamanrasset. Les délégations algérienne et nigérienne seront conduites respectivement par Daho Ould Kablia, ministre délégué chargé des Collectivités locales, et Mounkaila Modi, ministre de l'Intérieur et de la Décentralisation. Il faut savoir que cette rencontre intervient après les déclarations pour le moins provocantes du chef de l'Etat libyen, Mouamar Al-Kadhafi qui, à l'occasion d'une réunion au nord du Mali, avait appelé les tribus du Sahel à se rassembler au sein du “Grand-Sahara” portant ainsi atteinte aux principes de l'inviolabilité des frontières héritées de l'époque coloniale, ranimant, du coup, les tentations sécessionnistes de la rébellion Azawed, dont seule l'implication de l'Algérie avait abouti au règlement du conflit en 1992. Aujourd'hui, et au-delà de cet aspect important étroitement lié à la sécurisation de nos frontières avec les pays du Sahel, c'est toute la problématique de la circulation des personnes qui est posée. Et ce n'est pas un hasard si cette réunion va traiter des questions économiques administratives et du développement des zones frontalières. Il faut savoir que l'aspect lié à la paupérisation et aux dures conditions de vie des populations des pays du Sahel a de tout temps constitué une source de préoccupation majeure pour Alger, d'autant que la région du Sahel est, depuis les dernières années, devenue une zone de transit pour les groupes armés du GSPC et d'Al-Qaïda. L'Algérie, qui a longtemps souffert du phénomène de la violence islamiste et qui poursuit toujours la lutte contre les irréductibles du terrorisme, ne peut traquer de façon efficiente les groupes activant dans le Sud que si une coopération sécuritaire s'installe et de manière durable avec les Etats du Sahel. C'est en tout cas l'un des principaux objectifs de la rencontre de Tamanrasset. Il faut ajouter également la problématique de l'émigration clandestine. L'Algérie, qui a refoulé en 2005 des centaines de clandestins, est convaincue que seule l'amorce de projets de développement dans le Sahel est à même de stabiliser les populations dans leurs villes et villages. Sur ce point précis, Alger avait émis de sévères critiques dans le cadre du processus de Barcelone. “Nous avons une très longue frontière, et il est de l'intérêt de nos deux pays de se rencontrer, de temps en temps, pour discuter des problèmes communs de part et d'autre de notre frontière commune”, a déclaré, hier, à Alger, le ministre nigérien de l'Intérieur. La rencontre d'aujourd'hui devrait déboucher sur la réaffirmation de la volonté des deux pays à consolider leur coopération politique et sécuritaire afin de faire face aux tentatives de déstabilisation orchestrées de part et d'autre. Salim Tamani