Récidive Il y a huit ans, Amor W. a tué, il a été jugé et condamné à sept années de réclusion criminelle. Une fois libéré, il revient sur les lieux du crime et est arrêté pour un très grave délit. Amor est un adulte quelconque qui se défend de vouloir assassiner qui que ce soit. Son tort, c?est d?avoir tué l?oncle de la vieille femme qui le poursuit, aujourd?hui, pour menaces de mort. «J?ai lourdement payé pour ce crime», dit-il fermement en regardant dans la direction de Nacéra Zitouni, la présidente de la section pénale du tribunal de Chéraga (Cour de Blida), sans avocat et c?est regrettable, car le conseil aurait pu calculer les choses à la barre. L?inculpé a contre lui sa manière de se défendre et ce qui l?a rendu encore plus antipathique dans la salle, c?est lorsqu?il a voulu citer l?article 284 du Code pénal punissant les menaces de mort. Même le pourtant calme Bouhadja, le procureur, a longuement attiré l?attention du tribunal.«C?est un type dangereux. Il a déjà tué. Il a passé sept longues années en prison. Il a appris les procédures. Il a appris le rôle du parquet, celui du président. Il a, en effet, réussi à s?informer comment garder la tête froide lorsqu?on est assailli de questions pertinentes et gênantes», s?est écrié le représentant du ministère public qui a voulu convaincre le tribunal en récitant entièrement l?article du jour : «284», enfin le parquetier a requis, sans état d?âme, une peine de prison ferme de deux ans et 10 000 dinars d?amende. Auparavant, invités par la magistrate à prendre la parole, la vieille femme, la victime, et son fils ont tenté d?expliquer au tribunal que le retour du tueur n?était pas fortuit. L?inculpé secoue la tête en protestant à haute voix : «Voilà, on parle toujours de mon sale passé», Zitouni fait une mise au point. «Vous n?êtes pas ici pour les sept années passées en prison. Vous avez payé votre dette envers la société. Le tribunal cherche à savoir ce que veut la victime. C?est son droit», marmonne la juge qui somme l?inculpé de se taire et de ne plus gêner les débats. Amor hausse encore le ton après les demandes de la victime. Il ne se gêne nullement pour perturber l?audience surtout depuis qu?il a noté au passage les demandes de Boutaba. «C?est un complot. Mon passé récent joue en faveur de cette famille, et je suis contraint au silence car je ressemble au baudet qui traîne toujours une plaie sur le flanc pour mieux le faire avancer», dit pour la dernière fois le prévenu qui écope d?une peine de prison, de six mois avec sursis. Ce verdict a été donné en fin d?audience, histoire de tenir en respect Amor, le temps qu?il oublie le crime commis il y a sept ans et surtout les menaces de mort proférées sans avoir réfléchi aux conséquences?