Sorcellerie n A l'issue d'un procès qui va durer plusieurs jours, Grandier est condamné à être brûlé vif. Il monte sur le bûcher le 18 août 1634. Le théâtre de notre histoire est la ville de Loudun, près de Poitiers, en France. Cette petite ville, construite au Moyen-Age, et qui en garde encore des vestiges, avec sa fameuse forteresse et ses rues étroites, a abrité, au XVIIe siècle, un procès en sorcellerie au cours duquel un prêtre, l'abbé Grandier, a été brûlé vif. Une plaque commémoratrice, placée au XIXe siècle sur le portail de l'église de Saint-Pierre-du-Marché, rappelle ces évènements tragiques : Quand la forteresse de Loudun fut construite, par ordre de Philippe Auguste, une de ses chapelles, dédiée à Saint Pierre, faisait office d'église paroissiale, ce qui permettait un accès facile dans l'enceinte du château. Pour en éviter les inconvénients, Philippe Auguste ordonna la construction d'une église hors du château : ce fut l'église Saint-Pierre-du-Marché. Les travaux, interrompus faute d'argent, furent repris grâce à la générosité de Saint Louis. Le clocher ne fut élevé qu'au début du XVIe siècle et, par deux fois, rebâti exactement de la même façon. Les sculptures du portail, œuvre de le Renaissance, furent bientôt mutilées par les Huguenots (protestants). Urbain Grandier, de triste célébrité, fut curé de la paroisse de Saint-Pierre-du-Marché de 1617 à 1634, date à laquelle il fut brûlé vif à Loudun, à la suite d'un procès de sorcellerie l'accusant d'être l'auteur de la «Possession des religieuses ursulines de la ville», lesquelles au cours d'étranges crises, assuraient que Grandier avait envoyé dans leur corps de multiples démons. En fait, la plaque omet de dire que Loudun a été – et le demeure encore aujourd'hui – la ville la plus protestante de France. La guerre des religions a fait beaucoup de dégâts. Les autorités, en la personne de Richelieu, conseiller du roi, a juré d'abattre cette ville qu'il considérait comme rebelle. Il crée une ville de garnison, non loin d'elle, et la fait surveiller. On le soupçonne d'être à l'origine des troubles qui ont secoué Loudun. Urbain Grandier a été nommé, à 27 ans, curé de l'église Saint-Pierre-du-marché en 1617. En 1632, des religieuses du couvent des Ursulines l'ont accusé de les avoir ensorcelées, en leur envoyant le démon pour les pousser à commettre avec lui des actes immoraux. Les historiens modernes soupçonnent la mère supérieure du couvent, sœur Jeanne des Anges, d'être responsable des événements ; elle était follement éprise de Grandier mais celui-ci a repoussé ses avances et elle s'est vengée de lui. De plus, Grandier n'était pas en odeur de sainteté avec les autorités et Richelieu, qu'il a ouvertement critiqué, a juré sa perte. Il est donc arrêté et conduit au siège de l'inquisition, le terrible tribunal religieux chargé de traiter des hérésies, de la sorcellerie et de tout ce qui pouvait porter atteinte à la religion catholique. Comme Grandier refusait de reconnaître qu'il a introduit le diable dans le corps des jeunes ursulines, il reçoit la «question», c'est-à-dire qu'il est affreusement torturé. A l'issue d'un procès qui va durer plusieurs jours, Grandier est condamné à être brûlé vif. Il monte sur le bûcher le 18 août 1634. Trois cents ans plus tard, la ville va connaître une autre affaire : la prévenue – il s'agit cette fois d'une femme, Marie Besnard, qui sera aussi accusée de sorcellerie, non en envoyant le diable, mais en empoisonnant tous les maris qu'elle prendra. (A suivre...)