Malheur Aïssa Drabli, 48 ans, contrôleur de soudure dans une société de pétrole, est devenu infirme à la suite d?un accident de travail. Aujourd?hui, il est condamné à vivre sur une chaise roulante et à subvenir aux besoins d?une famille de sept personnes. Son travail est pénible. Aïssa doit se déplacer sur des chantiers à travers plusieurs wilayas, pour y travailler pendant six semaines. Le 14 janvier 2003, en sortant d?une usine, sur l?un des chantiers à Mechria, il reçoit un parpaing sur les genoux. Évacué en urgence à l?hôpital, il est opéré immédiatement. Trop tard ! Le malheureux perd l?usage de ses jambes. Il ne pourra plus marcher. Hospitalisé, depuis, à l?hôpital de Tixeraïne à Alger, Aïssa espère, sur son fauteuil roulant, recevoir la bénédiction de ses responsables pour subvenir aux besoins de sa famille. «Depuis que j?ai été hospitalisé, il y a quatorze mois, le médecin du travail et l?assistante sociale ne sont venus me voir qu?une ou deux fois. Souvent, ils prétextent qu?ils sont occupés. Je ne les crois pas, ils m?ont oublié ici», s?indigne-t-il. Ce père de six enfants habite à Mechria, il n?a pas revu les siens depuis de nombreux mois. «Aujourd?hui, je suis autorisé à sortir. Je vais en profiter pour aller voir ma famille. C?est moi qui paie les frais de transport. Je donne 1 000 DA au chauffeur de taxi qui vient me chercher. Sinon, il refuse de m?embarquer avec ma chaise roulante.» Il contient difficilement ses larmes, sourit tristement pour ne pas pleurer, puis ajoute : «L?assistante sociale n?a pas rendu visite à ma famille, pourtant, mes enfants sont encore sous le choc. Yacine, 11 ans, jusque-là bon élève, est traumatisé de me voir dans un tel état. Depuis mon accident, il a de mauvais résultats et il s?absente souvent. De mon lit d?hôpital, je téléphone à la directrice de l?établissement pour lui dire de le comprendre et de l?aider». Notre interlocuteur affirme qu?il est assuré et que son entreprise le considère comme accidenté du travail, toutefois, depuis 14 mois, il n?a rien perçu. Personne ne lui a parlé d?indemnisation ou de réintégration. Lui-même ignore tout sur les procédures légales à suivre et nous implore de l?aider. Son entreprise a uniquement pris en charge les frais de l?opération et ceux de son fauteuil roulant.