Résumé de la 3e partie n Pour l'époux de la victime, l'assassin serait un Noir. C'est ainsi que la police ramène Samuel Ebe qui roulait sur la route du domaine en pleine nuit... Pourtant, au cours d'une expérience avec Balthazar, les policiers ont une surprise. Ils ont fait renifler la statuette au chien, Ronald s'en est chargé. Balthazar a fait le tour de la chambre, tenu en laisse, en laissant traîner son museau partout. A présent, on lui présente l'assassin, Samuel Ebe. Balthazar lève le nez vers ce grand garçon athlétique et remue la queue en signe d'amitié... Qu'est-ce que cela veut dire ? «Tu connais ce chien ? — Non, monsieur ! — Tu mens !» Ronald, le jeune gardien, regarde ailleurs, vraiment ailleurs. Le policier s'attaque à lui : «Et toi ? Tu connais ce type ? Vous êtes complices, hein ? C'est ça ? Tu l'as habitué au chien ! C'est pour ça qu'il n'a pas aboyé ! Vous aviez monté le coup ensemble ! Pour voler ! — Je vous jure que non monsieur ! Je le jure ! Demandez à Madame, on a rien fait ! — Ta maîtresse est en train de mourir. C'est lui qui l'a frappée ! Et tu es complice !» Le jeune garçon roule des yeux affolés vers Samuel Ebe : «Dis-leur, Samuel ! Je t'en prie ! Dis-leur, ils vont me pendre ! — Ça servirait à rien, ils nous croiront pas. Et puis ce sera pire...» Le policier s'énerve. Alors, comprenant qu'il sera roué de coups de toute façon, le jeune homme dit sa vérité. «Je connais le chien, c'est vrai. C'est Mme Crosby qui a voulu. — Pourquoi ? Allez, vas-y, pourquoi ? Qu'est-ce que tu cherches à inventer ? — Mme Crosby et moi on se connaît bien, c'est pour ça. Mais je l'ai pas tuée. — ll prétend avoir eu des relations avec une Blanche ? Des relations intimes ?» Voilà le drame dans ce pays conventionnel. Où que soit la vérité, l'homme métis est coupable. Alors il n'en dit pas plus, se contentant d'innocenter le gamin terrorisé. Et la traduction de l'expérience est un modèle d'interprétation. Pour salir sa victime, Samuel Ebe prétend être l'amant d'une Blanche. Lui, un métis ! En réalité, avec la complicité du jeune Noir, Ronald, il a tenté soit de violer Mme Crosby, soit de voler ses bijoux en l'absence de son mari, soit les deux. Ils seront donc jugés et condamnés à mort sans le moindre doute. Les jours passent. Susan Crosby est toujours dans le coma. Son mari a dû faire abattre le chien Balthazar. C'est étrange. Pourquoi diable ce chien voulait-il le dévorer ? Privé de son petit maître Ronald, enfermé dans le chenil, c'était une bête fauve que plus personne ne pouvait approcher. Trente-cinq jours plus tard, Susan Crosby ouvrait les yeux, sa main cherchait quelque chose, ou quelqu'un, une main amie ou un museau soyeux. Le trente-huitième jour, elle pouvait articuler quelques mots, et comprenait ce qu'on lui disait, mais refusait la visite de son mari. Le quarantième jour, Greta, la gouvernante fidèle, la soutenait pendant sa déclaration à la police. Everett Crosby, son mari, avait voulu la tuer. C'était lui l'assassin, il avait surpris le jeune métis sur la terrasse de sa chambre, alors que lui-même rentrait d'un dîner d'affaires. Susan avait aidé Samuel Ebe à fuir. La discussion violente s'était déroulée dans la chambre. Ensuite elle ne se souvenait que d'une chose, le museau du chien sur sa main. Le chien était derrière la fenêtre close. Il avait vu le maître tuer, il savait. Plus tard, à la question du juge : «Samuel Ebe, le métis, était-il votre amant ?» La jeune femme a répondu : «Non.» Pour le sauver de ce dernier crime, dont personne n'était dupe. Ça ne marcha pas. L'époux n'a récolté que cinq ans de prison, dont deux avec sursis. C'était en 1970, dans un autre monde, qui est encore et toujours un autre monde, jusqu'à preuve du contraire.