Constat n Dès que la nuit tombe, la ville de Tizi Ouzou souffre d'un grand problème de transport. Une situation qui dure depuis très longtemps. Il est à peine 19 heures. Le visage de la ville commence à se transformer. A cette heure-là, Tizi n'est plus une cité où grouille plein de monde, comme dans la journée. Le va-et-vient se réduit. L'activité commerciale qui constitue le cœur de la région s'arrête car nombre de commerçants baissent rideau. Les grandes rues et artères de la ville, comme c'est le cas à la rue de la Paix, très animées et fréquentées pendant la journée et les ruelles du centre-ville se vident. Bref, Tizi donne l'image d'une ville morte le soir. Et là nous ne sommes qu'au début de la soirée ! «Enfin, c'est comme un peu partout en Algérie !», remarque-t-on. Cependant, dans de nombreuses régions du pays, où la situation sécuritaire s'est nettement améliorée, les villes sont plus vivantes le soir. Dans la ville des Genêts, le manque accru de transport en fin de journée et en soirée n'encourage, il faut le dire, personne à s'aventurer dehors. Ce manque est surtout ressenti par les citoyens des autres localités, notamment ceux qui sont obligés de s'y rendre quotidiennement pour travailler ou étudier… Ainsi, ils rencontrent de grandes difficultés pour rentrer le soir chez eux. Et pour cause, en arrivant aux stations de fourgons et de bus, notamment celles réservées à certaines régions comme Tigzirt, Makouda, Boudjima…, à M'douha, on constate qu'elles sont quasiment désertées par les transporteurs. Il est 19h 20. A l'arrêt de Tigzirt, des voyageurs attendent impatiemment un hypothétique fourgon ou bus pour quitter cette ville qui «fait peur» le soir, pas seulement par crainte d'être agressés mais aussi et surtout pour s'éloigner de ce décor de ville morte. Une angoisse indescriptible se lit sur les visages déjà burinés par le «combat» de la vie, devenu pour ces voyageurs insupportable. Il faut déjà avoir assez de force, après avoir passé une journée entière à travailler ou à étudier, de se tenir debout et attendre. L'espoir est vite en berne. Mécontent et stressé, un père de famille, la quarantaine passée, fatigué par cette longue attente, appelle finalement un ami pour qu'il vienne le récupérer. «Allah Ghaleb ! Je n'ai rien à dire. C'est tous les jours le même calvaire et depuis longtemps», affirme, désespéré, cet homme qui préfère le silence pour tenter d'oublier la longue attente. Cette situation est en effet loin d'être reluisante pour lui et, bien sûr, pour de nombreux citoyens et travailleurs. «Cela montre bien à quel point les transporteurs de voyageurs ont abdiqué. Ils ne pensent pas à leurs clients. Ils ne savent même pas ce qu'est le service public. Abandonner les gens comme ça ce n'est pas correct», déclare un groupe de jeunes. Mohammed Fawzi