Résumé de la 1re partie n Pour tenter de trouver l'assassin des trois ouvriers sur le chantier, la police – qui refuse la thèse de l'accident – infiltre un enquêteur parmi les ouvriers... Distraction discutable, car on y boit trop, on y joue aux cartes, aux pronostics de football, et il est rare que la fermeture se fasse sans une bagarre. L'enquêteur, un nommé Steven, grand type maigre, au crâne surmonté d'une casquette informe, traîne alternativement dans les deux bars en question depuis deux semaines. Son but : identifier et observer une vingtaine d'ouvriers, dont la liste a été établie par la direction, en fonction d'un seul critère : eux seuls avaient accès normalement à cette partie du chantier. Peu à peu, la liste a rétréci en fonction des observations de l'enquêteur et de l'étude de chaque dossier. En fait, il reste un suspect. Un suspect sans mobile apparent, ouvrier comme les autres, marié comme la plupart des autres, mais dont le comportement diffère de celui des autres. Il s'est absenté à plusieurs reprises, en fournissant chaque fois un certificat médical. Maux de tête, fatigue, dépression. Malgré les médicaments, il boit beaucoup depuis quelques mois. Il parle peu, bien que se mêlant toujours à ses compagnons de travail. Le chef du personnel avait envisagé d'accepter un congé de longue maladie, recommandé par le médecin du chantier, mais l'homme a refusé. Il allait mieux, il préférait travailler, d'ailleurs il travaillait. Il en avait besoin. Quelques camarades connaissaient la raison de sa dépression subite. Du moins, ils croyaient la connaître. Steven, l'enquêteur, a entendu des conversations dans les bars. «Alors Monty, comment va ta femme ? — Ça va...» Monty, vingt-six ans, regard triste, bouche amère, répond toujours : «Ça va...» Derrière son dos, les autres le plaignent un peu. «Sa femme a fait une mauvaise chute, elle a perdu leur gosse, il paraît qu'elle est paralysée, et elle pourra plus en avoir un autre, évidemment. Pauvre type, ça le travaille.» L'enquêteur a également entendu que la jeune femme de Monty était bien jolie avant cette histoire, qu'elle s'appelait Hélène et qu'elle était à l'hôpital. Mais quel rapport y aurait-il avec les trois faux accidents du chantier ? Apparemment aucun, sauf que Monty est le seul sur la liste à avoir des problèmes personnels, et qui dit problèmes dit parfois réactions étranges. Steven, l'enquêteur, remet son rapport, et le chef de la police grogne : «Ça vous mène où ? Vous me ramenez une enquête psychologique sur un type dont tout le monde se fout, et pendant ce temps on me rebat les oreilles de tout côté : négligence, sabotage, exploitation des ouvriers, accidents scandaleux, personne ne parle de meurtres, évidemment, sauf nous. Mais votre meurtrier me laisse perplexe. Quel mobile ? Pourquoi ces trois hommes et pas d'autres ? — Une vengeance, peut-être. — Vengeance de quoi ? Si vous m'apportez la preuve que ce type est fou, alors bon, on peut l'envisager comme suspect, l'interroger, mais là : petite déprime, femme malade, un point c'est tout ! Et de plus, il est consciencieux et il n'a plus d'absence depuis... — ... depuis février 1977, le premier accident a eu lieu le 16, il a repris son travail le 10. — C'est maigre. Vous n'avez vraiment rien d'autre ? Pas d'histoires entre Irlandais ? Pas de sabotage ? — Rien. — Bon, essayez ce type. Mais il est hors de question d'avoir un autre «accident» sur les bras, faites vite. Les grèves, les manifestations, ça commence à bien faire ! (A suivre...)