Résumé de la 2e partie n Les soupçons de Steven, l'enquêteur, se portent sur un certain Monty qui est le seul, parmi les ouvriers, à avoir des problèmes personnels... Il faut que tout ce joli monde prenne un assassin en pleine figure. Un assassin tout bête, un vrai. Il faut stopper ces histoires de manque de sécurité sur le chantier. La presse locale s'en donne à cœur joie, et on ne dit rien pour coincer le gars, pour qu'il se croie tranquille, alors méfiez-vous qu'il ne recommence pas tout tranquillement. Je le convoque ? Avec les autres pour camoufler le coup ? — Je voudrais voir sa femme, d'abord. Sans qu'il le sache. Il dit qu'il va la voir souvent, mais en réalité, il n'a pas mis les pieds à l'hôpital depuis plus d'un mois. Il se soûle, ne touche pas aux filles, enfin j'ai l'impression que s'il y a une piste elle part peut-être de sa femme. Donnez-moi vingt-quatre heures avant les convocations officielles. Je saurai très vite si je me trompe. D'ailleurs, j'ai tout bêtement une chance sur deux de me tromper. Je raisonne sur ce Monty parce que je n'ai rien d'autre.» Monty se lève à six heures, à sept heures il est sur le chantier. Depuis quelques jours, un homme le surveille sans qu'il le sache. Cet homme est soi-disant assistant du cabinet d'architecte. Depuis que la police est sûre qu'il s'agit d'un triple crime, il fait mine de vérifier des plans un peu partout, surveillant tout et tout le monde. A présent, il n'a plus que Monty à surveiller, jusqu'à ce que l'enquête aboutisse en ce qui le concerne, le blanchisse ou l'inculpe. Monty, un ouvrier comme les autres, juste un peu plus triste. Hélène B. est hospitalisée depuis six mois. Fracture du bassin, paralysie des jambes, elle a failli mourir. Il reste d'elle un visage trop pâle et trop maigre pour être encore joli. D'immenses yeux noirs cernés de noir, un buste d'enfant et des jambes mortes. II faut de sérieuses raisons pour obtenir des détails du médecin-chef, mais l'enquêteur Steven a de sérieuses raisons, plus sa carte d'officier de police. «Je ne vous demande que les circonstances de son accident et le diagnostic. — D'après elle, elle a fait une chute du haut d'un escalier dans un grand magasin. Elle était enceinte de presque six mois, l'enfant est mort, il a fallu pratiquer une césarienne, et pour l'instant elle est paralysée. — Vous dites «d'après elle», pourquoi ? — La chute d'un escalier, c'est classique, quand on veut se débarrasser d'un enfant. De plus, à l'examen, j'ai relevé des traces de tentatives d'avortement. Elle ne voulait pas de l'enfant, à tel point qu'elle préférait risquer de mourir. C'est mon opinion. — Pourquoi n'a-t-elle pas demandé plutôt un avortement ? C'est légal ! — Légal, mais les listes d'attente sont longues. Et puis je crois qu'elle a voulu cacher sa grossesse un certain temps, le mari m'a paru bizarre lui aussi. L'enfant ne le concernait pas. Il n'en a pas parlé. Ces deux-là ont vécu un drame, j'ignore lequel. L'enfant était probablement d'un autre, c'est l'explication la plus évidente.» L'enquêteur se dirige vers le lit d'Hélène. Un paravent l'isole à peine des autres lits. Il parle bas, avec gêne. Il n'a plus confiance en sa théorie. De quoi se mêle-t-il ? De la vie privée d'un couple ? Vie qui n'est ni heureuse ni riche, et qui risque de n'être plus privée à cause de lui. Il se présente, il explique que la police interroge tous ceux qui approchent le chantier de près ou de loin. «Votre mari ne vous a pas parlé de quelque chose ? D'un incident sur le chantier ? Il n'a jamais eu peur des accidents ? — Vous lui avez parlé ? (A suivre...)