Au moins 250 000 Britanniques sont descendus hier, samedi, dans les rues de Londres pour dire non à l'austérité, une manifestation d'une ampleur très rare dans un pays peu coutumier de telles démonstrations sociales, mais ternie par des casseurs. La police a annoncé qu'il y avait eu 35 blessés et que 202 personnes avaient été arrêtées après que des «criminels» eurent entrepris de saccager un quartier commercial du centre de la capitale. Les syndicats, qui rêvaient de faire de cette journée un tournant dans la mobilisation contre la politique de rigueur, estiment avoir gagné leur pari, même s'ils déplorent les violences et destructions survenues en marge du défilé. «Nous sommes absolument ravis : il y a des centaines de milliers de personnes, peut-être un demi-million», s'est félicité un des responsables de l'organisation. Un porte-parole de la Confédération des syndicats britanniques, le Trade Union Congress (TUC), a estimé qu'«entre 250 000 et 300 000 personnes» avaient répondu présent et certains médias évoquaient 400 000 à 500 000 participants. L'estimation de la police est de 250 000. «C'est la plus grande manifestation à Londres depuis une génération», s'est enthousiasmé le syndicat Unite. Ce rassemblement est effectivement le plus important à Londres depuis celui contre la guerre en Irak qui avait réuni près d'un million de personnes en 2003. C'est aussi le plus important mouvement social depuis des émeutes survenues il y a deux décennies et qui précipitèrent la chute de Margaret Thatcher. Un important service d'ordre avait été mis en place par le TUC, en plus des 4 500 policiers mobilisés, pour ne pas revivre les débordements des manifestations estudiantines de cet automne, qui avaient stupéfié les Britanniques. Mais des échauffourées ont, malgré tout, éclaté en marge du défilé. Plusieurs centaines de manifestants vêtus de noir et le visage masqué ont attaqué des magasins et des banques, lançant des feux d'artifice, de la peinture, des bouteilles et des cocktails Molotov sur les policiers.