Constat n L'origine de la courbe ascendante du divorce est due, selon les experts, à un certain nombre d'éléments «déstabilisateurs» relevés dans le code la famille en vigueur. Plus de quarante et un mille cas de divorce ont été recensés en 2009. Un chiffre effarant par rapport aux années précédentes. Revenant, hier lors du forum d'El Moudjahid, sur les causes de cette courbe ascendante dans les cas de divorce, dans notre société, des juristes et des avocats ont essayé d'analyser ce phénomène afin de permettre à nos législateurs et politiques de remédier à la situation qui fait de plus en plus peur, surtout lorsqu'on sait que ce sont les enfants qui subissent les fâcheuses conséquences de la dislocation de la famille. Pour Mme Nadia Aït Zaï, avocate, il est clair que le mal provient du code de la famille, qui comporte un certain nombre d'éléments «déstabilisateurs», qui font que le divorce se banalise au sein de notre société. Selon elle, le code de la famille de 1984 et même sa révision en 2005 n'est pas en progrès par rapport au passé, c'est-à-dire par rapport à la situation d'avant 1984. «Le code de la famille tel qu'il est voté en 1984 est une fatalité. C'est un texte qui a imaginé que la famille n'existe pas», déplore-t-elle en relevant les amendements qui ont contribué non seulement à la banalisation du divorce, mais surtout à la dislocation de la famille algérienne. D'abord, le divorce n'est plus sans appel. Autrement dit, le jugement est définitif en première instance en acceptant la demande du mari. «On ne peut permettre encore au juge ou au médiateur d'essayer de rétablir les liens entre les époux», explique-t-elle. En outre, avant 1984, il y avait, poursuit-elle, le droit à la femme au maintien dans le domicile conjugal, alors qu'il a disparu après l'adoption de ce code. En 2005, on pensait avoir réglé le problème, enchaîne-t-elle, en obligeant le mari de maintenir la femme dans son logement ou de lui trouver un logement alternatif. «Elle est déjà mise dehors avant même que la procédure ne soit engagée», atteste-t-elle en rappelant qu'il n'est pas évident que la somme imposée à la location (5 000 DA à 12 000 DA) soit versée à la femme divorcée. Idem pour la pension alimentaire qui est calculée sur une année de vie seulement. «Je pense qu'il faut repenser à cette attribution de la pension alimentaire qui ne doit pas se calculer sur une année de vie, sachant que les femmes, si elles ne travaillent pas, ne pourront pas continuer à subvenir aux besoins de leurs enfants», pense-t-elle. Ce qui met, souligne-t-elle, en danger moralement et physiquement la vie des enfants. Pour sa part, Mme Djafri de l'Observatoire algérien des femmes a proposé d'investir dans la famille en créant des centres pour initier les couples au mariage, comme cela se fait dans d'autres pays du monde. Un expérience qui s'est avérée concluante car, illustre-t-elle, les pays qui l'ont introduite ont vu leur taux de divorce diminuer jusqu'à 20%, comme cela a été le cas récemment en Indonésie. A noter enfin que d'autres intervenantes ont insisté sur la nécessité de mettre des mécanismes de protection de la famille pour protéger les enfants, à commencer par la révision du code de la famille en vigueur. Le divorce abusif fait des ravages La disposition, consacrée du code de la famille, permettant à l'époux de répudier sa femme par volonté unilatérale ou «le divorce abusif» a été l'origine, atteste Mme Aït Zaï, d'un grand nombre de divorces. Se basant sur le chiffre global avancé, à savoir 41 549 divorces enregistrés en 2009, la conférencière précisera que 20 134 cas ont été prononcés suite à la volonté unilatérale du mari. Ce n'est pas le cas à la «kholâ» (droit de la femme à demander le divorce)dont certains veulent l'incriminer, réagit-elle, en rappelant que ce droit est conditionné par un certain nombre de motifs qui ne sont pas évidents à prouver. D'ailleurs, précise-t-elle encore, le nombre de divorcées dans ce cas de figure est de 4 050 seulement derrière même le divorce à l'amiable, où l'on a enregistré lors de la même année 12 900 cas.