Fraternité n Cet amour touche les gens c'est un plaisir de voir ce garçon s'occuper de sa sœur, être à l'écoute de ses désirs et de tout faire pour lui être agréable. Il y a très longtemps, vivaient un frère et une sœur prénommés Tahar et Ouarda. Tahar était plus âgé de deux années que sa sœur : tous les deux étaient beaux et faisaient la fierté de leurs parents. «Tahar est le soleil, disait leur mère, et Ouarda la lune !» Les gens, quand ils les voyaient, s'exclamaient. — Qu'ils sont beaux ! C'est pourquoi, par peur du mauvais œil, la mère s'est mise à les cacher. Mais quand ils grandirent, elle ne pouvait plus le faire. — Qu'ils sont beaux, continuent à dire les gens. Les deux enfants s'aimaient et ne se séparaient jamais. Ils sortaient et rentraient ensemble, et Tahar, plutôt que de jouer avec les autres garçons de son âge, préférait partager les jeux de sa sœur. — Va jouer avec les autres garçons ! lui dit parfois son père, irrité de le voir tout le temps avec sa sœur. L'enfant fait semblant d'obéir mais dès que son père a le dos tourné, il retourne vers elle. Cet amour fraternel touche les gens c'est un plaisir de voir ce garçon s'occuper de sa sœur, être à l'écoute de ses désirs et de tout faire pour lui être agréable. Mais au fur et à mesure que le temps passe et que les deux enfants grandissent, cet attachement prend des allures étranges… Tahar a maintenant quinze ans. C'est un garçon très grand et très fort pour son âge on lui donnerait facilement vingt ans. Il terrasse tous les garçons auxquels il se mesure à la lutte. Il est aussi un chasseur redoutable. Son père, qui a pris de l'âge, est très fier de lui et il se dit que bientôt il lui confiera toutes les tâches de la maison. Ouarda, elle, est ravissante : à treize ans, c'est déjà une petite femme et les jeunes hommes du village commencent à la regarder avec intérêt mais personne n'ose la courtiser ouvertement parce qu'on a peur de son frère. Ce frère, justement, l'aime toujours et même plus fort qu'avant. Il ne joue plus avec elle, pour lui faire plaisir, mais il l'emmène sur son cheval et, ensemble, ils font de longues promenades dans les bois. Les parents sont toujours émus quand ils les voient ensemble. — Ce sont les enfants les plus beaux du pays ! Et combien ils sont restés attachés l'un à l'autre ! — On n'a jamais vu d'amour fraternel plus grand dans la région ! La mère soupire. — Hélas, il va falloir les séparer bientôt ! — Et pourquoi donc ? demande le père — Parce qu'ils vont se marier et partir chacun de son côté… — C'est vrai, dit le père, qui soupire à son tour… Puis il ajoute. — Ils se marieront, mais rien ne les empêchera de continuer à s'aimer comme par le passé… Cette belle amitié fraternelle, rien ne saura la briser. (A suivre ...)