Déroute La droite française a subi un camouflet, signe de mécontentement des Français. Le président français Jacques Chirac et son gouvernement de droite ont subi, hier dimanche, un cinglant désaveu après la victoire écrasante de la gauche aux élections régionales. Deux ans après la très large victoire de Jacques Chirac à la présidentielle, la majorité enregistre une déroute totale et la gauche, qui obtient 50,11% des suffrages, est majoritaire pour la première fois depuis la réélection de François Mitterrand à la présidentielle de 1988. Cette déroute ouvre la voie à un probable remaniement du gouvernement du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin formé en 2002 et à un changement de stratégie mettant davantage l'accent sur le social. «Des changements s'imposent certainement», a indiqué M. Raffarin dans une première réaction. «L'action, a-t-il ajouté, doit être plus efficace, l'action doit être plus juste.» Rappelant son bilan en matière de lutte contre l'insécurité ou de réforme des retraites, il a reconnu que «ce n'est pas assez, je le sais, les Françaises et les Français nous l'ont dit aujourd'hui clairement». La coalition de gauche (socialistes, communistes et écologistes) a remporté 21 régions sur les 24 (en France métropolitaine, sur l'île de la Réunion et à la Guyane), dont les résultats sont connus, selon des chiffres provisoires du ministère de l'Intérieur, dans la nuit de dimanche à lundi. La droite, qui en contrôlait 14 sur 22 (en France métropolitaine) depuis 1998, ne conserve plus qu'une seule région, l'Alsace, le sort de la Corse étant encore incertain. Selon le ministère de l'Intérieur, la gauche enregistre 50,11 % des suffrages contre 36,94 % pour la droite républicaine. Le Front national (extrême-droite) a recueilli 12,54 % des voix contre 15,3 % en 1998 et 17,2 % lors de l'élection présidentielle de 2002. Inférieur à celui du premier tour du 21 mars, le taux d'abstention a été de 34,21 %. La droite perd notamment la région emblématique du Poitou-Charentes (Centre-Ouest), fief de M. Raffarin, et la première région de France, l'Ile-de-France (Paris et ses environs) reste à gauche. La presse française de ce matin estime que l'échec, hier dimanche, de la droite est d'abord celui du président Jacques Chirac. Ce dernier, qui se trouve être «l'auteur du naufrage du 28 mars», inaugure, peut-être, à cette occasion, la fin de son propre règne, avance Libération (gauche). «Le roi est nu : Jacques Chirac est défait sans excuse, sans circonstances atténuantes, comme un homme dont l'électorat connaît depuis trente ans tous les "tours". (...) Le désastre du 28 mars inaugure la fin du règne de Jacques Chirac», poursuit le quotidien. L'analyse du Figaro (droite) écrit, de son côté, que «faute d'afficher clairement sa politique, d'en revendiquer la cohérence, la droite de gouvernement reçoit (...) la sanction d'un certain courage, sans pour autant tirer bénéfice (...) des réformes plus profondes dont le pays a besoin».