La page des municipales restera peu glorieuse du début du quinquennat de Nicolas Sarkozy qui n'aura plus l'occasion de se rattraper, car les européennes de 2009 n'auront pas de véritable signification politique et les régionales sont pour 2010. La large défaite de la droite aux élections municipales en France constitue un revers personnel pour le président Nicolas Sarkozy, auquel les électeurs ont infligé un vote-sanction. Le verdict est annoncé et commenté par la presse française qui, jusqu'à il y a peu, déployait son tapis rouge sous le successeur de Jacques Chirac, l'encensant sans retenues et au mépris de l'éthique professionnelle dont les médias français se gargarisent. Les titres français ont viré de 180 degrés et même ceux proches des patrons du CAC 40 qui avaient propulsé Nicolas Sarkozy à l'Elysée ne font pas preuve de retenue. “Les Français sanctionnent Sarkozy”, titre le journal populaire le Parisien, en qualifiant même de claque l'ampleur des pertes du parti UMP au pouvoir face à l'opposition socialiste qui a enlevé des villes emblématiques comme Toulouse ou Strasbourg, fiefs traditionnels de la droite. Le journal de gauche Libération parle d'un “désaveu cinglant” pour le président français, dix mois après sa large victoire à la présidentielle. “Le charme sarkozien s'est rompu en quelques mois”, conclut le quotidien qui a pour lui de n'avoir pas été ébloui par le style sarko. Le Figaro, porte-parole de la droite mondialiste, accuse le coup de la gauche mais exhorte dans un éditorial à la une, le gouvernement à poursuivre les réformes, plus vite et plus fort. Pour se consoler, le journal de Dassault souligne que la faible participation au scrutin, environ 65%, a surtout desservi la droite. Pour le journal communiste historique l'Humanité, la sanction est claire et nette et “ce n'est pas seulement le style présidentiel qui vient d'être renvoyé dans les cordes mais bel et bien le cap de la politique gouvernementale”. “La sanction est suffisamment claire pour qu'elle ait des conséquences immédiates”, renchérit de son côté le quotidien régional Ouest-France. Que va faire Sarkozy après la déculottée et l'hallali de sa presse, comme s'interroge le Progrès de Lyon en une : “Que va faire notre Président ?” Dans tous les cas de figure, c'est un président amoindri. En effet, la droite n'a même pas pu limiter les dégâts au deuxième tour. La gauche a tout raflé dans les villes de plus de 30 000 habitants, sauf Marseille qui reste entre les mains de la droite. De plus, le Parti socialiste, qui dirige déjà 51 départements sur 101, a gagné également cinq conseils généraux de plus à la faveur des cantonales. La défaite de la droite est d'autant plus noire que sur 24 ministres, seulement 14 ont pu passer aux municipales ! L'entourage de Sarkozy a confirmé que le gouvernement ne devrait subir que quelques ajustements avec la création de trois ou quatre nouveaux secrétariats d'Etat : économie numérique, aménagement du territoire et Grand Paris. Il est également attendu la réorganisation au sein de l'Elysée, notamment dans la communication présidentielle. Sarkozy s'était, par ailleurs, fait discret dans la campagne électorale après les critiques visant son “style” très extraverti. D. B.