Accord n Le parti présidentiel a accepté le plan de sortie de crise du Golfe prévoyant un départ d'ici à quelques semaines de Ali Abdallah Saleh. Le Front commun, opposition parlementaire, avait également accepté dans la journée ce plan du Conseil de coopération du Golfe (CCG), à l'exception d'un point prévoyant la formation d'un gouvernement d'union nationale avec la participation du président Saleh. Pour sortir de la crise, le CCG a proposé la formation d'un gouvernement d'union nationale, puis un transfert des prérogatives par le chef de l'Etat au vice-président et un arrêt des manifestations. Le Président devrait ensuite présenter sa démission dans les 30 jours, et une élection présidentielle aurait lieu 60 jours plus tard. Vendredi dernier, Saleh, dont le mandat court jusqu'en 2013, avait affirmé qu'il accueillait favorablement ce plan, mais répété qu'il ne céderait le pouvoir que dans le cadre d'un processus ordonné et constitutionnel. Les Etats-Unis, qui ont été impliqués en même temps que des pays européens dans les tractations en vue d'un règlement de la crise, avaient pressé Saleh, leur allié dans la lutte antiterroriste, d'entamer «immédiatement» la transition politique. «L'initiative est positive et nous l'acceptons, à l'exception de la formation d'un gouvernement d'union nationale, car nous refusons de servir sous l'autorité d'Ali Abdallah Saleh et de prêter serment devant lui», avait déclaré, pour sa part, le porte-parole de l'opposition, Mohammad Qahtane, avant l'annonce de l'acceptation du plan par le CPG. Il avait exhorté Saleh à accepter de céder le pouvoir dans un «délai de 30 jours», comme le prévoit le plan des monarchies du CCG, précisant que l'opposition était prête à former un cabinet d'union nationale avec le vice-président auquel Saleh aurait transféré ses prérogatives. Jusqu'à présent, l'opposition exigeait le départ immédiat de Saleh, tout comme les comités de manifestants qui encadrent les protestataires. Ces derniers rejettent en revanche clairement le plan des monarchies du Golfe. Fortement contesté dans la rue depuis janvier, Saleh est confronté à un large mouvement de protestation populaire qui organise des manifestations quasi quotidiennes pour réclamer son départ immédiat. La répression de ce mouvement a fait plus de 130 morts. Hier, samedi, un appel à la grève générale a été bien suivi, notamment dans le sud du pays, où deux jeunes manifestants ont été blessés par des tirs de l'armée en tentant de dresser une barricade à Aden. Cette ville était quasiment paralysée avec les commerces, les écoles et les administrations fermés. Des barricades ont été dressées sur les principaux axes de cette ville à la pointe de la contestation contre le régime depuis janvier dernier. Le mouvement était également bien suivi à Lahej et Abyane, deux provinces situées plus au nord, où les écoliers sont descendus dans la rue pour réclamer le départ de Saleh, selon des habitants. A Sanaâ, qui a connu vendredi dernier le rassemblement le plus important depuis le début du mouvement, l'appel à la grève était en revanche très peu suivi.