Déploiement Engagés depuis plusieurs semaines dans une course effrénée à la magistrature suprême, les 6 candidats multiplient les meetings à travers le territoire national. Chacun son dada, chacun son jeu de mots favori. Cependant, ils s?accordent tous à employer tous les moyens possibles et imaginables pour courtiser un électorat qui semble réticent. Outre les positions bien arrêtées de chacun sur la situation politique ou socioéconomique du pays, certains n?hésitent pas à faire des promesses qui suscitent plus souvent l?étonnement. Ainsi, Abdallah Djaballah a promis à ses électeurs d?augmenter le Salaire national minimum garanti (Snmg) de 10 000 DA, actuellement, à 15 000 DA, face à la nécessité «d?instaurer la justice sociale dans la répartition des revenus». Il s?est, d?ailleurs, interrogé sur «l?intérêt de disposer, dans les caisses de l?Etat, de 33 milliards de dollars de réserve de change, si cet argent n?est pas utilisé pour la résorption du chômage et l?amélioration des conditions de vie du citoyen !» Il citera comme argument un pouvoir d?achat resté longtemps figé au moment où le pays a connu, en quelques années, un accroissement du type et de la proportion des impôts et taxes, une extension de l'usure et du monopole, une hausse des prix, une hausse de l?inflation et une paralysie de l?outil de production. Une situation par laquelle le nombre des chômeurs et des personnes nécessitant une aide sociale a, selon le candidat, augmenté de même que la proportion de la corruption et du crime. Un état de fait qui aurait, en outre, révélé «l?incapacité» de l?Etat de tenir ses engagements quant aux demandes du peuple en matière de nécessités vitales, comme manger et boire, se vêtir et se loger, se soigner et apprendre. C?est la raison pour laquelle le candidat propose la révision de la politique des salaires, de manière à assurer l'équité dans la répartition des richesses. Louisa Hanoune, qui axe le gros de son programme sur l?avenir socioéconomique du pays, n?a pas manqué de faire des promesses similaires. Mais celle qui défend ardemment les droits des travailleurs et dénonce la politique «de bradage» a monté la barre nettement plus haut en affirmant que les réserves financières du pays donnent droit à 24 000 DA de Smig et que cette somme correspond au budget vital établi par la Centrale syndicale pour une famille de 7 membres, sur la base des prix des produits nationaux exclusivement ! Mme Hanoune, qui soutient que son «intention n?est pas de faire des promesses impossibles», estime que «les fonds et les richesses que recèle le pays sont à même de lui permettre de dépasser toutes les difficultés économiques et sociales». «Le peuple n?est pas condamné à vivre éternellement dans la pauvreté, le chômage et la discrimination», affirme-t-elle dans ses rencontres avec la population et d?ajouter : «L?Etat doit mettre un terme à l?exploitation des diplômés chômeurs et des jeunes en interdisant un salaire inférieur au Smig.» L?opération de charme et de séduction d?un lectorat potentiel exige, évidemment, de telles promesses et d?autres plus folles encore, mais il y a lieu de s?interroger sur la possibilité de les traduire en faits. Djaballah argue des 33 milliards US de réserves de change, Hanoune des «richesses que recèle le pays», mais ces engagements pourraient-ils être tenus ?