Abdication En Algérie, le théâtre amateur est relégué au second plan, pour ne pas dire abandonné. InfoSoir : Vous êtes en train de monter une pièce, Antigone, selon votre version. Peut-on en savoir plus ? Amine Idjer : D?abord, ce travail vient clôturer un atelier animé par l?association culturelle Artissime. La création est prévue pour le 31 mars et le 1er avril. C?est une pièce qui, si on peut le dire, a été revisitée et adaptée. Revisitée dans le sens où j?y ai apporté certaines modifications. J?ai supprimé quelques scènes que j?ai jugées secondaires, que j?ai filmées. Il y aura donc une projection de ces scènes. Toute l?histoire se déroule dans le jardin, alors que dans les autres versions, elle se passe à l?intérieur du palais. J?ai puisé dans le terroir algérien pour le fond sonore? Je n?en dis pas plus ; il faut venir voir. Pourquoi avoir choisi Antigone, notamment celle de Jean Cocteau ? Je suis tombé amoureux de cette pièce quand je l?ai vue pour la première fois en 1992. A ce moment-là, je faisais mes premiers pas dans le théâtre et je me suis fait la promesse de monter cette pièce. Le moment est arrivé, je crois. Quant à l?auteur, j?ai eu à lire les différentes versions d?Antigone (Sophocle, Anouilh?), c?est celle de Jean Cocteau qui m?a le plus marqué. Ce fut le coup de foudre. L?auteur a défait et refait la pièce. Le texte est aéré. Elle est plus accessible, plus ouverte. Cette version n?a pas beaucoup été exploitée. Beaucoup de gens ignorent que Cocteau a écrit Antigone, c?est donc là l?occasion de faire connaître cette ?uvre au grand public. Vous faites du théâtre d?expression française. Pourquoi ? Serait-il une ouverture sur l?autre ? Le choix de la langue française n?est pas fortuit. C?est à la suite d?une large demande de personnes. On me dit souvent que c?est un réel plaisir de venir assister à une représentation théâtrale en français. Me concernant, toute modestie mise à part, je n?ai aucun complexe avec les langues. Si l?opportunité se présente de monter une pièce en italien, en allemand ou en chinois, je le ferai sans hésitation aucune. Et comme vous le dites dans votre question, c?est une ouverture vers l?autre. D?ailleurs, Dominique Touzet, un comédien et metteur en scène français, a choisi la langue arabe pour présenter son adaptation de Roméo et Juliette, alors qu?il ne connaît rien à cette langue. Je pense qu?il faut s?ouvrir vers l?autre, et comme le théâtre est universel, il ne faut pas que la langue soit un obstacle. Quelle est votre définition du théâtre en général et du théâtre francophone en particulier ? Le théâtre est, pour moi, une école où l?on apprend à se connaître, à maîtriser ses sentiments, ses pulsions. Il nous apprend à être à l?écoute de l?autre ; à surmonter certains complexes... Quant à la définition du théâtre francophone, c?est un théâtre comme tous les autres, qui a ses repères, ses visions, ses genres. Vous faites du théâtre amateur. Comment le percevez-vous ? C?est un créneau qui existe partout dans le monde, c?est dans les troupes amateurs qu?on affûte ses armes. Cependant, en Algérie, le théâtre amateur est relégué au second plan, pour ne pas dire abandonné. Rien n?est fait pour que ce créneau soit exploité. D?ailleurs, même le théâtre professionnel souffre des mêmes problèmes que son jeune frère amateur. Le théâtre existe-t-il réellement chez nous ? Faudrait-il le renouveler ? Avant, il existait une culture du théâtre. Le TNA, par exemple, arrivait à produire une vingtaine de créations par an, voire plus... Mais tout ce qu?a traversé l?Algérie comme crises et la non-prise en charge de ce domaine par les pouvoirs publics, a fait que le théâtre se clochardise et perd de sa consistance. Ce qui a induit ce vide. Il est grand temps d?y remédier et de revaloriser le théâtre en Algérie. Quelles difficultés peut rencontrer un amateur ? Trouver des fonds pour le financement d?une pièce, pouvoir accéder aux salles de spectacle pour présenter son produit, avoir accès aux médias et trouver également des personnes qui acceptent de tenter l?aventure. Car c?est frustrant de répéter une pièce et de ne pas la présenter. Ce sont là les principales difficultés que rencontrent les amateurs. - La représentation aura lieu au Centre culturel français d?Alger le mercredi 31 mars à 18h30 et le jeudi 1er avril à 15h.