Attente Pour la plupart des Européens à l'Ouest, l'UE est désormais un vaste espace sans frontières intérieures. Mais pour les habitants de l'ancienne Europe communiste qui vont rejoindre l'Union, il faudra encore attendre trois à quatre ans avant de pouvoir y voyager sans contrôle. A Prague ou Budapest, les responsables politiques espèrent encore publiquement une suppression de toutes les frontières intérieures en 2006. Cette nouvelle liberté n'est pas sans importance dans une région qui a passé plus de quarante ans derrière un Rideau de fer quasiment étanche et où les possibilités de voyager à l'étranger étaient très restreintes. Mais à Bruxelles, les experts de la Commission européenne confient sans le dire trop fort qu'il faudra attendre 2007, voire 2008, pour pouvoir relier Lisbonne à Tallinn par la route sans présenter une seule fois son passeport. Les dix nouveaux membres (Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie, Slovénie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Chypre et Malte) vont devoir patienter avant de ressembler totalement aux pays les plus intégrés de l'UE. La liberté de circulation des personnes au sein de l'Union est un droit inscrit dans le Traité d'adhésion. Les nouveaux membres ont vocation d?entrer dans l'espace sans frontières dit de Schengen, du nom du village luxembourgeois où ont été signés les premiers accords. Mais l'abolition des frontières intérieures est encore très récente à l'Ouest. Alors que les militants de l'Europe réclamaient cette mesure depuis les années 1950, il a fallu attendre 1995 et d'innombrables polémiques pour qu'un premier noyau d'Etat renonce à ce symbole de souveraineté nationale. Afin de ne pas sacrifier la sécurité, la libre circulation a été accompagnée d'une vraie coordination entre les services de police, des douanes et de justice, grâce à un système informatique, Système d'information Schengen (SIS), qui permet d'échanger les données sur les personnes signalées ou les objets recherchés par l'un ou l'autre des pays membres. Or, affirme la Commission européenne, l'actuel système ne dispose pas de capacités suffisantes pour fonctionner avec dix Etats supplémentaires. Actuellement, il est opérationnel pour 13 pays de l'UE et 2 autres pays non-membres (Norvège et Islande) qui avaient déjà aboli leurs frontières avec les autres pays nordiques appartenant à l'UE. La Grande-Bretagne et l'Irlande ont choisi de ne pas participer à l'espace Schengen pour le moment. L'Union développe depuis deux ans un nouveau système informatique baptisé SIS II. Mais aucune date précise n'est fixée pour son achèvement. En tout état de cause, il ne sera pas terminé avant 2007, ont déjà prévenu des responsables de la commission. Mais les délais ne sont pas à exclure d'autant que l'unanimité des pays de l'UE, membres de l'espace Schengen, sera requise pour élargir le cercle.