Résumé de la 2e partie n Les policiers ne croient pas H. A. Busch quand il leur dit ne pas avoir voulu voler la prostituée, mais avoir voulu la tuer... «C'est vrai. J'ai tué d'autres femmes. Je ne sais plus combien, mais plusieurs. — Arrête de dire n'importe quoi ! grogne le sergent, agacé, sinon c'est pas en taule qu'on t'enverra mais au cabanon.» Dans l'agitation du commissariat, on a d'autres chats à fouetter que d'écouter le délire de cet hurluberlu. On a pris son identité : Henry Adolphe Busch, ingénieur opticien. On va peut-être le relâcher, quitte à le convoquer pour le juger ultérieurement sous l'inculpation de tentative de vol de sac à main. Soudain, grand brouhaha. Une ravissante petite bonne femme en imperméable attrape par le bras tous les policiers qui passent à sa portée. Elle montre Henry Adolphe Busch : «C'est lui ! J'en suis sûre ! Je vous dis que c'est lui.» La jeune femme est serveuse dans un bar. Elle a été interpellée il y a une semaine parce qu'elle courait, complètement nue, sur un trottoir. Toute la flicaille dévisage Henry Adolphe Busch. «Elle a raison, dit-il. J'ai voulu la tuer. Mais je n'ai pas réussi.» Puis, voyant qu'enfin on semble lui porter quelque attention, il déclare d'un air triomphant : «Ah ! tout de même ? Vous m'écoutez maintenant ! Vous seriez encore plus convaincus si vous veniez chez moi, parce qu'il y a un cadavre.» Le sergent veut en avoir le cœur net. Une heure plus tard, il descend de voiture devant une maison du centre-ville, et en attendant que celle qui transporte Henry Adolphe Busch arrive, il demande les clefs à la logeuse. L'ex-comédienne du muet, qui a acheté ce petit immeuble assez vétuste avec ses économies, s'étonne : «Les clefs de M. Busch ? Qu'est-ce que vous lui voulez ?» La logeuse est stupéfaite. Pour elle, Busch est un jeune homme plein de charme, intellectuel très cultivé, de commerce agréable : «Un vrai gentilhomme...», dit-elle. Il y a maintenant une longue file de policiers dans l'escalier, encadrant Henry Adolphe Busch, le gentilhomme. «Vous permettez...» s'empresse celui-ci qui, malgré ses menottes, avance les mains pour aider le sergent à ouvrir la porte. Dès qu'ils entrent dans son minuscule appartement, l'odeur révèle que Busch a dit vrai. Il y a là un sac de couchage tout neuf. Dans le sac de couchage un cadavre : le cadavre d'une vieille femme dont les pieds et les mains sont attachés par des menottes. Elle a été étranglée. «Qui est-ce ? demande le sergent. — Shirley Payne, répond Busch. Elle doit avoir soixante et onze ans. C'est une vieille amie de ma tante.» Busch répond d'un ton tellement tranquille, comme si tout ceci était absolument normal, que le sergent adopte presque le même ton désinvolte pour lui demander : «Ah ! bon. Et comment l'avez-vous tuée ? — Nous sommes allés ensemble au cinéma voir un film de Hitchcock. Je l'ai ensuite invitée à venir chez moi prendre un verre de Coca-Cola. Elle me connaît depuis que je suis enfant. Elle a accepté. Elle ne se méfiait pas. Je lui ai passé les menottes aux mains puis aux pieds et je l'ai étranglée. — Mais pourquoi ? — Je ne sais pas. Pour la tuer. Ça ne vous arrive jamais d'avoir envie de tuer ? — Et quand l'avez-vous tuée ? — Il y a quatre jours. Elle vivait seule. Personne ne s'est inquiété de son absence.» Le sergent fait le tour du petit logement : coquet et assez ordonné. Il remarque surtout une bibliothèque comprenant une centaine d'ouvrages parmi lesquels beaucoup de philosophes : Platon, Spinoza, Hegel, etc. (A suivre...)