Insuffisance n Les médecins algériens ne sont pas suffisamment formés et informés sur le VIH, d'où cette peur d'être contaminés, selon le professeur Dif. Il fut un temps où «nous avions même des difficultés à faire accoucher les femmes enceintes», a indiqué le chef de service et président du Conseil médical de l'hôpital El-Kettar. «Ce problème ne se pose plus dans nos services aujourd'hui, atteste-t-il. Les communications et la formation dont ont bénéficié nombre de médecins ont facilité à des femmes séropositives leur accouchement suite à un traitement spécifique et quelques mesures préventives sans aucune difficulté.» Tout compte fait, les médecins sont «appelés à faire en sorte que tout malade qu'ils opèrent pourrait avoir été contaminé préalablement par le VIH, le virus de l'hépatite B ou celui de l'hépatite C. C'est donc une question de formation et d'information», insiste notre professeur. La prise en charge médicale des malades du sida dans les huit centres de référence à travers le territoire national n'a rien à envier à celle dispensée dans les structures hospitalières outre-mer, affirme notre spécialiste. Les insuffisances se posent, dit-il, sur le plan biologique où, en plus des pannes répétées de la charge virale, une pénurie de réactifs est souvent signalée. Le professeur Dif sollicite, à cet effet, les autorités concernées à prendre en charge ce volet qui porte énormément préjudice aux malades. Il exhorte le département d'Ould Abbès dans ce cadre d'assouplir la réglementation en vigueur. «La prise en charge des sidéens exige que la charge virale soit surveillée en permanence pour une plus grande efficacité du traitement. Mais la réglementation qui nous est imposée n'est pas adaptée aux circonstances actuelles. La réglementation actuelle ne permet pas l'acquisition des réactifs et appareils nécessaires en temps voulu», a-t-il expliqué. A ce facteur, s'ajoute la prise en charge psychologique qui laisse à désirer. «Le sida est une maladie chronique intimement liée au sexe. C'est une maladie très lourde à porter et à accepter, d'où l'importance de la prise en charge psychologique». Evoquant l'ampleur qu'a pris ce virus chez la gent féminine, le professeur Dif confirme : «Au début de l'épidémie, les hommes étaient beaucoup plus touchés que les femmes. A partir des années 2000, la donne a changé. Les femmes sont autant touchées que les hommes.» Une réalité qui fait surgir les nombreux fléaux qui touchent de plus en plus cette population et que les pouvoirs publics tentent tant bien que mal d'occulter. «La drogue et la prostitution sauvage auxquelles s'adonnent ces femmes pour des raisons socioéconomiques sont une des raisons de cette amplification», souligne le spécialiste avant de revenir sur l'importance des campagnes de sensibilisation et la promotion du préservatif comme seul moyen de protection. «La société algérienne a changé. Les jeunes ne se marient plus à 20 ans. L'âge moyen du mariage est de 35 ans. C'est pourquoi l'information doit être délivrée, ciblée et assimilée», conclut le professeur Dif.