Action n Les enseignants contractuels qui ont été «remerciés» après l'expiration de leurs contrats reviennent à la charge. Ils poursuivent leur mouvement de protestation initié depuis déjà plus de deux mois. En plus d'avoir observé des sit-in «illimités» et permanents, ainsi que des rassemblements à différents endroits de la capitale, y compris devant la présidence de la République à El-Mouradia, où il y a même eu une tentative d'immolation par le feu, ils passent la vitesse supérieure. Ils observent en effet une grève de la faim de trois jours depuis le 6 juin dernier. «Nous sommes près de 160 enseignants représentant près de 4 000 venus de plus de 40 wilayas du pays à avoir observé des sit-in permanents ici à Alger. Hors de question de rentrer chez nous avant que notre situation ne soit régularisée», nous ont déclaré, hier, les enseignants contractuels qui ont observé leur sit-in devant la Maison de la presse. «Nous revendiquons notre réintégration immédiate dans des établissements scolaires, avec un poste permanent et durable», soulignent encore nos interlocuteurs. Un enseignant venu de Sétif, visiblement affaibli par des semaines de grève et de sit-in continus, déplore «la passivité intrigante des autorités». «Je suis diplômé de l'université, j'ai cinq ans d'expérience dans l'enseignement. Mais maintenant, je me retrouve dehors, sans travail, ni pension, parce que je signais des contrats de courte durée avec le ministère de l'Education», a ajouté encore le jeune enseignant chômeur. Son collègue d'Oran nous livrera son témoignage :« Quand l'Algérie sombrait, quand tout le monde fuyait le pays, nous, jeunes diplômés d'alors, nous avons répondu présents. Nous avons assuré les cours aux enfants en bravant la terreur et l'horreur du terrorisme. Aujourd'hui, nous demandons que la monnaie nous soit rendue.» Ces enseignants au chômage forcé exigent leur réintégration et leur régularisation immédiate, sans passer par des concours, ni autre procédure, chose que la tutelle exige. «Nous en avons marre des fausses promesses et de la langue de bois. Le temps des demi-mesures est révolu, nous voulons du concret, nous sommes prêts à mourir de faim, s'il le faut», enchaîne encore une enseignante. Dans ce contexte, il faut signaler que les quelque 160 enseignants ayant maintenu le mouvement de protestation depuis le début vivent une situation psychosociale très déplorable. «Parfois, nous passons la nuit dehors en nous exposant aux dangers permanents, et n'oubliez pas qu'il y a des femmes parmi nous, et une fois la nuit tombée, chacun se débrouille comme il peut. Parfois, la rue et le trottoir nous servent de refuge en attendant le matin pour un autre jour de protestation».