Réflexion n La nouba algérienne a été au centre des débats du colloque international sur la poésie et la musique andalouses ouvert, hier, à Tlemcen. Dans sa communication de cette rencontre qui a également eu pour thème d'étude les trois écoles de musique andalouse (Constantine, Alger et Tlemcen), Nadir Marouf, professeur en anthropologie sociale et culturelle, a souligné «qu'à des moments donnés de notre histoire, des permissivités, qui ont socialement leur secret, ont pu avoir lieu». «Ce type de ibdaa (innovation) entre dans le cadre de la dynamique des règles du système çanaa.» Pour le professeur tunisien, Mahmoud Guettat, un grand intérêt est accordé au patrimoine musical maghrébin à travers des études qui ont tenté de le mettre en valeur. «Ces études, favorisant les aspects nostalgiques, imaginaires et d'interprétation gratuite, s'avèrent insuffisantes quand elles abordent les volets historiques et artistiques qu'elles considèrent d'ailleurs comme étant un héritage oriental andalou», a-t-il estimé. Pour sa part, le professeur Nasreddine Baghdadi a souligné que la nouba algérienne repose sur trois styles ou écoles, à savoir Tlemcen, Alger et Constantine. «La source reste la même, mais les influences locales ont forgé les différences dans les modes permettant ainsi de mettre en valeur les nuances propres à chaque région.» Le conférencier turc Fikret Karakaya a, quant à lui, expliqué que le terme «newbet» de l'époque d'Abdulkadir Maraghi a été remplacé par «fasl» dans la musique turque qui est utilisé au commencement de chaque division réservée aux paroles, d'un «maqam» donné. Enfin, pour le professeur Selim El-Hassar, le patrimoine poétique de la musique andalouse offre la possibilité d'études de la musique mais aussi des textes jusque-là inexploités «pour parvenir à une définition plus claire de son évolution à travers les âges». Cette nouvelle approche s'avère «précieuse» dans la connaissance des étapes historiques de l'évolution de ce patrimoine, a-t-il souligné. Le colloque de deux jours, organisé conjointement par le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques et l'université de Tlemcen, enregistre la participation de nombreux enseignants et chercheurs d'Algérie, du Maroc, de Tunisie, de Jordanie, d'Allemagne, des Etats unis d'Amérique, d'Espagne et de France. Il vise, selon le responsable du comité d'organisation, Hachi Slimane, «à faire connaître le répertoire poétique et musicale hérité de la culture arabo-musulmane de l'Andalousie et les écoles musicales algériennes qui sont nées suite au brassage entre diverses cultures».