Tensions n Alors que des militants appellent à manifester pour «sauver la révolution», des dizaines de blessés ont été enregistrés dans des heurts entre pro et anti-Moubarak. Des appels à manifester le 8 juillet prochain pour «sauver la révolution» qui a renversé Hosni Moubarak se succèdent sur Facebook, exhortant les politiques à dépasser les débats sur le calendrier électoral pour revenir aux revendications initiales des révolutionnaires. «Politiques de tous les bords qui débattez pour savoir s'il faut d'abord une Constitution ou des élections, sauvez d'abord votre révolution, sauvez l'Egypte d'abord. Notre révolution s'effondre», peut-on lire sur la page Facebook intitulée «La 2e révolution de la colère». Sur cette page, qui a déjà rassemblé plus de 55 000 membres, les militants ajoutent que les revendications initiales, la défense des droits et des libertés, n'ont toujours pas été satisfaites, remplacées par des préoccupations de calendrier. La crainte de voir les Frères musulmans rafler la mise lors des prochaines élections alimente la multiplication récente des appels à reporter les législatives, afin de donner aux nouveaux partis le temps de mieux s'organiser. Des personnalités et groupes de plus en plus nombreux s'élèvent également pour réclamer la rédaction d'une nouvelle Constitution, afin de garantir les fondements d'un Etat démocratique avant le scrutin. Et éviter ainsi que la future loi fondamentale ne soit rédigée sous la supervision du Parlement qui pourrait être dominé par les islamistes. Mais pour les militants à l'origine de cet appel ces débats sont prématurés, la priorité devant être d'assurer la liberté d'expression, les procès publics des responsables d'abus et la fin des procès en cour martiale de civils. L'ire des protestataires qui avaient participé au soulèvement contre le président Moubarak commence à viser le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qu'ils accusent de pratiquer des méthodes de l'ancien régime pour étouffer la contestation. Parallèlement, des dizaines de personnes ont été blessées hier, vendredi, lors d'affrontements entre partisans et adversaires de l'ex-président Hosni Moubarak dans le centre du Caire, a indiqué l'agence officielle Mena. Quelque 200 personnes qui réclamaient la libération de l'ex-chef d'Etat, détenu à l'hôpital de Charm el-Cheikh dans le cadre d'enquêtes sur le meurtre de manifestants et pour corruption, se sont heurtés à environ 300 manifestants anti-Moubarak, selon l'agence. Brandissant des photos de l'ancien homme fort du pays, les partisans de Moubarak avaient appelé à sa libération immédiate et à l'organisation d'une cérémonie pour honorer le «service rendu au pays» par l'ancien raïs. «Moubarak, le pays s'effondre sans toi», scandaient les manifestants, insultés par des passants. Agé de 83 ans, l'ancien chef d'Etat est hospitalisé depuis le 13 avril dernier après avoir souffert d'un malaise cardiaque pendant un interrogatoire. Son procès, de même que celui de ses deux fils Alaa et Gamal, pour le meurtre de manifestants et enrichissement illégal, doit débuter le 3 août prochain. S'il est reconnu coupable, il est passible de la peine capitale, selon le ministre de la Justice.