Dans les quartiers, il n'est pas rare de rencontrer à Es Senia des vaches fouillant avec leurs museaux dans les ordures entreposées dans des décharges sauvages qui se multiplient. Au centre-ville, dans les cités-dortoirs et les quartiers périphériques anciens ou nouveaux, vous y verrez, d'abord, des animaux errants, des chiens, des chats, des ânes, parfois même comme du côté d'Aïn El Turck des singes ! Les appels et alertes aux morsures d'animaux sont récurrents à Oran. Il y a aussi les habitants qui élèvent des poules en les installant dans des petits enclos qu'ils dressent au pied des immeubles. Ces enclos servent aussi à entreposer tous les rébus et autres bric-à-brac que des familles cumulent au fil des années. Et l'opération rapide d'expulsions des ordures est vite trouvée : le tout dans un sac en plastique et hop par la fenêtre. Gare au passant et cela à toute heure de la journée. Annuellement, chaque habitant d'Oran jette 350 kg d'ordures soit en tout 1 200 t par an. Au fur et à mesure que la ville s'étale et que le nombre de la population accroît, le système de collecte des déchets s'avère dépassé et les moyens inappropriés. Conséquence, les ordures ménagères, les déchets en tout genre s'accumulent de partout. À dix heures du matin, des amoncellements d'ordures sont encore visibles dans les principales artères marchandes de la ville. Dans les petites ruelles, vous êtes obligé parfois d'éviter certains trottoirs devenue impraticables. Dans les quartiers, les décharges sauvages se multiplient et polluent les espaces verts et l'atmosphère. À Es Senia il n'est pas rare, au comble du désespoir, de trouver des vaches fouillant avec leurs museaux dans des ordures entreposées un peu partout aux abords des routes. La situation est telle que le ministère de l'Environnement a consenti pour la wilaya une enveloppe financière de 250 milliards de centimes pour éradiquer ces décharges sauvages. Les habitants d'Oran vivent en fait selon des normes et des habitudes propres au monde rural. La séparation entre monde rural et urbain se fait par l'espace, par les comportements sociaux et les habitudes. Aujourd'hui à Oran, il n'y a plus aucune de ces séparations. L'on peut ainsi mettre en exergue quelques exemples édifiants. Le linge est étendu au bas des bâtiments, deux piquets un bout de ficelle et voilà un étendage qui est monté au niveau des espaces communs des cités. On égorge son poulet et on le déplume en plein air dans la cité. La cité où le quartier est aussi l'endroit où l'on y jette les équipements domestiques usagés... alors que certains renferment des produits et des huiles extrêmement nocifs pour la santé. En ville, il en est presque de même, mais ce qui se ressent et frappe, c'est l'air saturé d'humidité et de pollution avec la canicule qui fait remonter les odeurs nauséabondes des égouts éclatés et qui s'écoulent noirâtre le long des trottoirs et ce, à plusieurs endroits. Il faut attendre des semaines pour voir enfin une équipe des services d'hygiène et d'assainissement se déplacer pour faire les réparations. Se balader en ville, déambuler sur le trottoir est devenu un exercice à risque à Oran, car au-dessus de votre tête, il n'est pas rare de voir tomber juste devant vous un morceau du balcon, ou encore de recevoir une flaque d'eau car les ménagères persistent à nettoyer leurs balcons à grands seaux d'eau qui sont ainsi jetés. Mais ce qui est le plus révoltant dans tout cela c'est de constater qu'aussi bien du côté des responsables locaux que des citoyens ce sont là autant de comportements qui sont considérés comme normaux et qui ne choquent plus ! En faire la remarque et c'est vous qui sortez de la norme ! F. BOUMEDIÈNE