Réalité n Rédiger une lettre administrative, une demande de logement, une plainte ou autre document n'est pas tâche aisée pour tout le monde. C'est pourquoi solliciter une tierce personne est inévitable. Les écrivains publics sont là pour rendre cet énorme service à une partie de citoyens incapables de se débrouiller seuls dans ces affaires. C'est ainsi que ce métier est apparu depuis de longues décennies dans notre société et à travers l'ensemble des localités du pays. A Alger, les écrivains publics ont pris place près du bâtiment de la Cnas, avenue du 1er Novembre, à quelques mètres de l'arrêt de bus à la place des Martyrs. Qu'il pleuve ou qu'il vente, ces scribes sont toujours là à attendre d'éventuels clients. Comme au bon vieux temps, ils tapent sur une machine à écrire. Qu'il fasse froid ou chaud, ils n'hésitent pas à faire le déplacement, restant «fidèles» à leurs clients. Assis sur des chaises en plastique, une table, une machine à écrire et des feuilles blanches pour tout matériel, ils sont là. Ni le mauvais temps ni les basses températures ne les découragent. «Ce métier exige de la disponibilité en toutes circonstances et tous les jours de la semaine», nous explique-t-on. Dans ce qui ressemble à un hall, exposé aux quatre vents, chacun des «écrivains» sombre dans un silence profond. Pourtant, ils entretiennent de bonnes relations entre eux. Chacun est plongé dans ses pensées et soucis de la vie quotidienne. Difficile d'aborder une discussion avec eux. Nous nous approchons d'un homme âgé, cheveux grisonnants recouverts d'un bonnet et portant de grosses lunettes de vue. Il esquisse un large sourire pensant avoir affaire à un client, le premier et peut-être le seul où les gens ont préféré rester chez eux en cette froide journée. «Aâslama (bienvenue). C'est pour une demande ?», nous dit-il. Une fois notre identité déclinée, il change subitement de mine. «Je n'ai rien à vous raconter. Veuillez m'excuser, mes soucis dépassent ce que vous voulez savoir.» La même réponse nous a été donnée par l'écrivain d'à-côté. Le «triste» climat en cette matinée semble affecter l'humeur de ces écrivains. Une atmosphère de grisaille régnait dans le petit espace et chaque écrivain s'occupait plutôt à réchauffer ses mains, dans ses poches, pour que leurs doigts soient aptes à rédiger une lettre si un client venait à les solliciter. «On ne travaille presque pas en hiver, car la plupart de nos clients viennent de l'intérieur du pays pour différentes affaires. Et comme ils ne viennent pas lorsque les conditions climatiques sont mauvaises, notre activité connaît une réduction sensible», finit par nous dire un des écrivains. Dur de gagner sa vie avec ce métier lorsque les nuages couvrent le ciel…