Dihiya répond : «Oui je sais lire dans l'avenir. Et je vous dis en toute certitude que cette femme et ses compagnons sont des espions des Arabes !» La femme s'est arrêtée de danser en voyant Dihiya. Elle n'a pas cessé non plus, de la dévorer des yeux. C'est à son tour d'être fixée par la foule des Berbères en colère. Ils peuvent, maintenant qu'elle et ses compagnons sont démasqués, être massacrés. Mais le père de Dihiya préfère leur dire : «Allez-vous en !» Ils s'en vont et la charmeuse, en jetant un regard mauvais à Dihiya, murmure : «Espèce de sorcière ! Kahina !» Cette histoire est sans doute une légende. Dihiya va infliger de durs revers à l'ennemi qui va se retirer un temps. Mais le calife de Damas, Abdel Malik ne voulait pas renoncer au Maghreb : l'Ifriqya al Mufarriqa, (l'Afrique qui divise), selon la formule célèbre, devait être réduite et gagnée à l'Islam ! Ibn Khaldoun rapporte, dans sa Grande histoire des Berbères, que le calife irrité par la résistance au Maghreb, charge, en 689, le gouverneur d'Egypte Hassan ben Nu'mân, de la réduire. Il sait que, à cause de la résistance des Berbères, l'entreprise ne sera pas facile et qu'il faut s'attendre à des sacrifices.