En l'an 703 de Jésus-Christ, le Maghreb retentissait du bruit des chevaux des conquérants arabes. De vastes contrées avaient été conquises à la nouvelle religion et il ne restait plus que quelques poches de résistance. L'une de ces poches est le massif des Aurès, depuis longtemps, haut lieu de la résistance à l'envahisseur étranger, qu'il soit romain, byzantin ou arabe. Et la résistance, cette année-là, était menée par une femme : Dihiya, que les Arabes avaient surnommée la Kahina, la «prêtresse», parce qu'elle avait, selon les historiens, des dons de prémonition, mais aussi, sans doute, parce que les cavaliers venus d'Orient, n'avaient pas l'habitude d'être confrontés, au combat, à une femme. Et une femme qui, de surcroît, leur a fait goûter à l'amertume de la défaite. Dihiya avait déjà participé, aux côtés de Kosayla, prince des Awraba – la grande tribu des Aurès –, à la guerre contre les Arabes. Celui-ci a d'abord combattu les Arabes, puis il a été battu à la bataille d'Al Alurit, aux portes de Tlemcen où il fait sa soumission et se convertit à l'Islam. Il réussit à gagner la confiance du chef musulman Abû al Muhadjîr Dinâr et devient même l'un de ses proches collaborateurs. Mais Oqba Ibn Nafie l'ayant humilié, il a abjuré et reprit la lutte. A sa mort, Kahina reprend le flambeau.